L’obtention d’un Visa à Palu
Ilha et Alwiyah sont ponctuelles. Elles passent nous prendre à 10 heures pétantes et nous conduisent au Kantor Imigrasi. Elles ont beau être du coin, elles tournent un peu en rond autour de ces nombreux bâtiments administratifs. Heureusement qu’elles sont avec nous ! Elles nous déposent au bon endroit et nous demandent de les appeler quand nous aurons fini.
Le sas du bâtiment franchi, nous avons l’impression d’être en France, à la Préfecture : des alignements de bancs avec des personnes à attendre, un ticket à prendre au guichet, des petits bureaux cloisonnés. Plus qu’à prendre son mal à patience ! Euh, en fait non, je n’ai pas eu le temps d’aller jusqu’au distributeur de ticket qu’une dame m’interpelle pour me demander si nous sommes là pour une extension de Visa. Quelqu’un l’a prévenue ?
Elle nous envoie dans une pièce où se trouvent deux bureaux. Le premier est occupé, le deuxième est vacant. L’homme en face de nous parle très bien anglais, et sans accent de surcroît ! Il nous faut d’abord des photos d’identité. Ouf ! Nous les avons ! Puis un billet d’avion de sortie du territoire. C’est là que ça coince. Je ne vais pas rentrer dans les détails tellement ça a été long et fastidieux, toujours est-il que l’homme commençait à nous dire de revenir une autre fois au moment même où j’ai enfin pu lui sortir de son imprimante un papier justifiant de nos billets d’avion. Moins une !
Il nous envoie ensuite en promenade, pour faire quelques photocopies et acheter des timbres fiscaux. Moins de cinq minutes après, nous sommes déjà de retour à son guichet. Quelques formulaires à remplir, et le tour est joué ! Il nous garde nos passeports et nous appellera sur mon portable dès que le Visa sera prêt. Estimation du délai ? Mercredi ! Whaow ! Dans deux jours ! Les différents sites internet consultés (dont des sites officiels), parlaient d’un minimum de 7 jours.
En attendant, Chatounette s’est fait une copine et a étalé tous ses jouets par terre. Nous ne pouvons plus sortir du bureau ! Voyant qu’elle a l’air de bien s’amuser, je propose de rester un peu dans le hall d’accueil et d’en profiter pour mettre le blog à jour, d’autant plus que l’endroit est climatisé, un bonheur dans cette ville à la chaleur étouffante. Je déplace juste Chatounette et sa copine pour qu’elles dérangent un peu moins que dans le passage.
Une petite demi-heure s’écoule quand je m’aperçois que Chatounette est entourée par tout le personnel du Service d’Immigration ! Il n’y a plus personne dans le hall, hormis le personnel qui mitraille Chatounette de photo ! L’endroit ferme pour la pause-déjeuner, mais ils n’ont pas l’air pressés. Nous discutons un peu avec eux et leur disons à mercredi. « Mercredi ? Comment ça mercredi ? C’est fermé mercredi ! ». Je regarde l’homme qui s’était occupé de nous. Celui-ci se précipite dans son bureau pour regarder le calendrier. Il revient confus, mercredi est férié, c’est le nouvel-an musulman. Cela reporte à jeudi, s’il n’y a pas de contretemps administratifs….
En ressortant, je téléphone à Ilha. A la place, c’est une voix suave qui me répond en indonésien. Suis-je sur sa messagerie ou est-ce ma puce qui me dit que je n’ai plus de crédit ? Je tente un sms. Il a l’air d’être correctement envoyé. Pas de réponse. Il n’est pas loin de 13h, nous hésitons donc à aller au restaurant d’en face mais nous ne voulons pas offenser notre famille d’accueil, peut-être nous a-t-elle prévus à déjeuner. Je tente un nouvel appel. Cette fois, ça sonne, j’étais donc bien sur sa messagerie. Toujours pas de réponse. Nous attendons un peu puis allons manger.
Au moment de payer l’addition, Ilha me téléphone. Nous lui expliquons que nous sommes toujours au même endroit, mais en face, et nous dit qu’elle arrive. Elle a dû comprendre que nous venions tout juste de commander car plus d’une heure après, elle nous rappelle pour avoir de nos nouvelles. Nous avons encore poireauté un bon bout de temps avant de voir enfin sa voiture arriver.
Entre temps, Chaton avait tenté de nous dégoter une voiture à louer pour le lendemain, car nous aimerions vraiment aller à Tanjung Karang pour faire du snorkeling. Un panneau sur une devanture semblait en proposer, mais selon le propriétaire des lieux, ce n’est plus d’actualité. Il s’apprêtait à relancer Ilha sur le sujet lorsque celle-ci nous annonce que demain, elle, ses amis, sa famille, et nous, irons tous ensemble à cet endroit. Yes ! Je suis aux anges !
De retour chez elle, une bonne partie de sa famille est rassemblée. Et c’est un mélange d’anglais, de français et d’indonésien qui s’opère pour alimenter des conversations en tout genre. Pleins d’enfants sont là, les feutres de Chatounette les occupent un moment, puis leurs peluches, puis on ne sait plus quoi, des enfants qui jouent entre eux en somme. Un moment de détente agréable, autour d’un goûter : pisang goreng (bananes frites) et jus de fruits. Nous montrons sur l’ordinateur des photos de notre famille et de nos activités, puis ils nous rendent la pareille.
Petit interlude douche, à l’indonésienne. On a beau être dans une famille aisée, la salle de bain à l’européenne n’est pas encore dans les mœurs.
Puis vient l’heure du dîner. Ilha nous explique qu’elle nous a préparé un repas simple traditionnel, en insistant sur le mot « simple » : 6 plats tout de même ! Du riz blanc évidement, de l’aubergine, du bœuf ultra épicé avec des petits œufs durs, de l’omelette ultra épicée, du riz aux anchois enroulé dans une feuille de bananier, du toffu pané et en dessert, de la papaye. Nous lui expliquons ce qu’est un plat simple pour nous : une barquette Marie surgelée à mettre au micro-onde… Je viens de balayer la gastronomie française en une ligne à peine ! Honte à moi !
Les jeunes de la famille nous demandent si ça nous branche d’aller boire un verre au bord de la plage. Je veux mon n’veu ! En route ! A neuf dans une voiture cinq places…
Nous longeons la côte sur quelques kilomètres. Nous sommes impressionnés par le nombre de gargotes ! Il y a même une sorte de fête foraine ! Nous ferons halte sur une terrasse en bois sur pilotis, au-dessus de la mer.
Ilha et sa famille avaient lourdement insisté pour que nous prenions une veste car soi-disant qu’il faisait froid au bord de la côte… Et effectivement, ils sont tous en pull. Chaton me glisse discrètement à l’oreille que s’il était en France, il se mettrait torse nu… Pour nous, c’est pile la température rêvée ! Assez chaud pour se sentir bien, décontracté, en vacances, mais pas trop pour ne pas transpirer. En tout cas, il n’y avait aucun risque pour que nous enfilions la moindre veste !
Nous sommes une petite bande d’une dizaine de personnes, dont des amis à eux nous ayant rejoint et qui parlent bien anglais. Chaton travaille sa langue de Shakespeare avec un fana de motos toutes disciplines confondues et qui connaît les 24h du Mans, Schumacher, Monte-Carlos… Chatounette, elle, est occupée avec le téléphone d’une fillette de 9 ans qui nous a accompagnés, puis décrochera pour faire des pitreries tout le restant de la soirée. Elle est surexcitée !
Les guitares des gargotes voisines parviennent jusqu’à nos oreilles, et ça n’a rien à voir avec la musique sri-lankaise ! C’est très agréable comme son.
Les lumières de la ville scintillent au loin (Palu s’étire de chaque côté d’un estuaire). Sur nos tables : du maïs grillé, des frites, des bananes frites au chocolat et au fromage (à ce propos, nous ne les croyons pas quand ils nous ont dit que c’était du fromage. Il nous a fallu en isolé un petit bout pour constater que s’en était réellement. Le mélange des trois ingrédients est un régal ! ), des jus de fruits et de la bière. Tous nos sens sont comblés.
Je me suis éclipsée discrètement pour payer l’addition, mais le temps de me faire comprendre par la vendeuse, d’autres du groupe ont rappliqués. Impossible de verser le moindre centime !
Il n’est pas loin de minuit lorsque nous rentrons, et maintenant 1 heure du matin le temps de rédiger ceci. Alors Selamat Malam (bonne nuit) !