Palu, découverte de l’hospitalité indonésienne

Je me réveille à 10h. Chaton, lui, n’a pas pu dormir à cause du bruit de la route. Il n’a pas chômé en attendant car il a réussi à trouver un autre hôtel : le double de ce que nous payons ici, pour deux fois plus crade…. Le pauvre, il est dépité ! Dans quelle galère je l’ai emmené ! Par contre, il a réussi à nous faire changer de chambre, nous déménageons pour une qui ne donne pas sur la route. C’est déjà mieux.

Nous nous renseignons pour louer des scooters mais c’est pas gagné. Ici, cela n’existe pas comme il n’y a pas de touristes, il faut trouver un particulier qui accepte de louer le sien.

Oh, et pendant que j’y pense (je ne sais plus si je l’ai déjà dit), nous sommes à Palu pour obtenir une extension de Visa. Cela nécessite de passer 1 journée au Kantor Imigrazi puis de revenir au moins 7 jours après pour récupérer son passeport. Donc, en attendant, nous voulons louer un scooter pour partir faire une boucle d’une semaine environ.

Mais aujourd’hui nous sommes dimanche, il nous faut attendre demain pour nous y rendre.

En attendant, nous partons faire un tour à pied. Nous commençons par retrouver l’Indonésie que nous avions pu connaître au Mont Batur… Un quartier bien délabré fait de bric et de broc mais surtout de détritus, pourtant bien placé le long d’une rivière. Une rivière ici, c’est une canalisation, un tout à l’égout, une déchetterie, une fosse septique. Impressionnant !

Il fait une chaleur accablante. Dès que nous passons sous une zone d’ombre, nous nous y arrêtons. On dégouline de partout, Chatounette est rouge comme une tomate, on en suffoquerait presque.

La rivière débouche sur la mer, où la plage est elle-aussi une porcherie. Mon plan de la ville de Palu indiquait quelques hôtels dans ce secteur. Nous nous y rendons. C’est dix fois le prix de notre logement actuel. A méditer. On tente une nuit où nous sommes, et nous verrons ensuite.

Nous poursuivons en repartant dans les terres, mon plan indique le Palais du Sultan. En chemin, je tombe sur une agence de voyage (une agence de voyage, ici, n’a rien de ce que l’on pourrait s’imaginer chez nous. Ici, c’est juste un bureau (le meuble, pas la pièce) devant la porte d’entrée d’une maison. L’agence propose également un service de lavage des vêtements. Peut-être ont-ils des scooters à louer ?

Nous amorçons notre discussion par la demande du coût d’un billet d’avion pour Luwuk, notre prochaine destination après la boucle en scooter et l’obtention de notre Visa. Après notre trajet en bus, on se dit qu’un petit vol aérien nous ferait du bien. Mauvaise nouvelle : il faut transiter par Makassar, où nous sommes arrivés. Bonne nouvelle : malgré le transit, ça serait moins cher qu’en bus ! On note ! Nous ne réservons rien, car nous ne savons pas encore quand nous obtiendrons le sésame. Nous avons affaire à une petite troupe de filles, allant de 10 à 50 ans environs. Deux, d’une vingtaine d’année, parlent quelques mots d’anglais, mais la conversation se fait essentiellement en bahasa indonésien grâce aux quelques mots de vocabulaire fournis dans mon guide.

Et concernant la location d’un scooter ? Une des filles me passe un homme à son téléphone, qui, lui, parle bien anglais. C’est mal engagé : il veut un passeport en caution (mais nous ne pouvons lui laisser car nous en avons besoin pour faire le Visa) et l’adresse de notre hôtel ici que nous ne connaissons pas. Juste la rue, mais ça ne lui suffit pas. Et ça traîne, et ça traîne. J’ai plusieurs fois l’homme au téléphone, chaque fois pour des précisions différentes. Il nous demande de patienter une demi-heure.

Au bout d’une demi-heure, il renvoie un sms en anglais pour nous proposer de manger ici, gratuitement. Nous franchissons donc le seuil d’entrée, et nous nous installons dans le canapé d’un fauteuil. Les filles semblent ravies d’avoir de la compagnie.

En guise de gâteaux apéritifs, elles nous apportent de la pastèque et un paquet de ce qui ressemble à des chips. C’est en toute innocence que nous jetons notre main dans le paquet et la portons à notre bouche. Mama mia !! Ça brûle ! Même notre hôte est surprise ! Elle inspecte le paquet. Sur le coin gauche est écrit : « level 10 ». Le maximum. J’en ai les larmes qui me montent aux yeux. Le four rire s’installe.

Nous passons ensuite à table. Du bakso (soupe de pâtes avec des boulettes de viande), du riz nature, des « fricatelles » (phonétique de ce que nous avons retenus, des beignets avec du maïs), des petits poissons marinés et des légumes. Pour le coup, rien d’épicé ! Ouf ! Arrivés à satiété, nous quittons la table pour nous installer à nouveau dans le canapé.

C’est l’heure de leur émission télé favorite : une version indonésienne de Jacques Martin. La télévision se trouve dans la pièce adjacente, un autre salon. Mon envie d’aller aux toilettes me permet de découvrir le reste de la maison. Un troisième salon, bien plus grand, un garage où sont disposés quatre machines à laver, deux salles de bains (identiques à celle de notre hôtel : un mandi avec des toilettes turcs), la cuisine, ainsi que d’autres pièces aux attributs non élucidés. Nous n’avons pas à faire aux plus pauvres de Palu !

Et le scooter ? Toujours pas disponible.

En contre-partie, les filles nous proposent de nous ramener chez nous, elles verront en même temps le nom de notre hôtel. Après un petit détour pour nous montrer leur ville, nous arrivons à destination. Elles nous demandent si ça nous branche de manger ensemble ce soir ou de faire un karaoké. Elles sont vraiment sympathiques, alors nous acceptons. Elles passeront nous chercher à 19h. Ce qui me laisse tout juste le temps pour acheter une carte SIM indonésienne, du crédit internet, et de passer à la douche.

Elles sont là pile à l’heure. Ila et Elia qu’elles s’appellent. Le frère d’Ila les accompagne, et c’est ensemble que nous allons dans un warung pour manger du poisson grillé. Délicieux ! Un chouille épicé, et plein d’arrêtes, mais drôlement bon ! Le futur mari d’Ila nous rejoint également en cours de repas. C’est l’homme que j’avais eu au téléphone. « Dir », de son surnom. Grâce à lui, la conversation est bien plus étoffée car il parle couramment anglais, il a passé 8 ans à Londres. C’est donc avec lui que nous parlons le plus. Il revient tout juste de Tanjung Karang, où nous voulions nous rendre pour aller y faire du snorkeling. Il nous montre les vidéos qu’il a réalisées ce jour même. Ça vend du rêve !

Le repas terminé, ils nous emmènent dans un « coffee and tea room » en avant-première. En effet, il n’ouvre que la semaine prochaine. C’est celui de son père. L’endroit devrait attirer la haute-bourgeoisie de Palu. Nous passons une très agréable soirée en leur compagnie, et Chatounette s’est trouvée deux nounous, qui même si elles ne se comprennent pas, sont aux petits-soins pour elle.

Pendant toute la soirée, les deux filles ont insisté pour que nous venions dormir chez elles. Nous finissons par accepter. Demain, l’une d’entre elle passera nous prendre à 10h, nous déposera à l’Immigration et gardera nos sacs. Nous sommes des convives plus que choyés ! Un pas dans la vie favorisée d’Indonésiennes.

Sur le chemin retour, au passage d’un pont, nous observons un attroupement. Dir nous explique qu’à cet endroit, se trouve un énorme crocodile, et qu’une personne a dû tomber à l’eau, d’où l’attroupement. Mais il dit ça sur un ton normal, genre : ça arrive régulièrement ! Le pire, c’est que nous étions passés le matin même sous ce pont, à pied, directement sur le lit de la rivière. Ça fait froid dans le dos !

Pratique : Purana Raya, 85.000 Rs la nuit. A éviter, sauf si budget très serré.

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