De Pendolo à Palu
Et une journée glandouille de plus à notre compteur ! Le check-out de notre logement est à 13h, mais le gérant, bien sympathique et conciliant, nous annonce que nous pouvons rester jusqu’à 15h. Raison de plus pour traîner davantage. Nous ne serons bien sûr par ponctuels pour libérer la chambre ! Bon, 15h10, c’est raisonnable quand même.
On ne voulait pas trop abuser non plus car un groupe de touristes indonésiens vient d’investir les lieux. Et ça n’a pas manqué, ils sont tous devenus hystériques en voyant Chatounette. Et c’est reparti pour une séance photos !
Nous longeons ensuite la plage en partant vers la gauche, à la recherche d’un endroit différent pour manger. La veille, dans celui que nous avions pris l’habitude de fréquenter, nous nous étions rendus compte qu’ils nous arnaquaient bien.
Un groupe d’enfants se baignent, et en nous voyant arriver, ils ne restent pas indifférents. Avec une discrétion toute relative (un éléphant dans une famille de souris ne passerait pas moins inaperçu), ils nous suivent. Trop marrant de les voir faire !
Un peu plus loin, nous trouvons enfin ce que nous cherchions. D’ailleurs, nous n’en demandions pas tant ! Une petite terrasse sur pilotis au-dessus du lac ! Parfait ! Le propriétaire, ancien guide dans toute l’Indonésie, parle très bien anglais et semble plus qu’heureux de pouvoir discuter avec nous. On aurait pu le trouver plus tôt celui-là ! Sa bouffe est délicieuse, et son addition deux fois plus légère que dans l’autre restaurant. Par contre, nous ne couperons à la séance photo avec toute sa famille à la fin du repas.
Il est temps de récupérer nos sacs, notre bus devant passer dans un râteau compris entre 17h et 20h…
Heureusement, en face de l’arrêt de bus se déroule une partie de tennis-ballon. Ça nous occupe !
Un bus pour Palu pointe enfin le bout de son nez. Nous lui faisons des grands signes pour qu’il s’arrête, mais de toute façon, il comptait s’arrêter là pour la pause dîner. En voyant le bus se garer, nous avons un doute… Il semble bien rempli ! Et pas qu’en passager ! Lorsqu’il ouvre les portes, nous observons tout un tas de valises, denrées, sacs entreposés dans l’allée. On hésite à décliner. Y’a-t-il un bus après ? Ne sera-t-il pas aussi plein ?? S’arrêtera-t-il ici ?
Notre patron de guest-house est là pour nous dire au revoir et insiste pour que nous montions dedans.
Il ne nous a pas fallu longtemps pour le regretter, mais je crois bien que nous n’avions pas vraiment d’autres options.
Pour commencer, ça fume dans le bus….
Ensuite : les sièges ne s’inclinent pas, il n’y a pas la clim’, nous sommes serrés comme des sardines, il y a des bagages de partout, Chatounette voyage sur nos genoux (pas une seule autre place de libre), Chaton avait une valise sous ses jambes, mais il a finalement pu s’en débarrasser ( au début, il voulait la mettre derrière nos têtes ( nous sommes dans la rangée du fond, sur le côté), mais les gens nous ont fait signe qu’il ne fallait surtout pas : la vitre arrière n’en est pas une, c’est juste une bâche en plastique…), la route est tournante et plus que défoncée : sans déconner, nous faisons des bonds d’un mètre !!! Un vrai délire !
Et nous en avons pour plus de 10 heures… Chaton, au bout de 10 minutes de trajet, hésite déjà à se pendre….
Néanmoins, nous faisons un paquet de pauses. Au bout de 2H30 de route, nous en sommes à la 4ème pause. Deux pour déposer des gens et en reprendre d’autres et une pour faire le plein d’essence.
La 4ème pause est plutôt intrigante : sur le bord de la route, de chaque côté, un alignement de baraquements en bois conçus pour dormir. Beaucoup vendent des boissons et de quoi grignoter, mais tous comprennent des bancs ou des planches en bois pour s’allonger. La plupart des passagers du bus descendent pour s’y installer.
Des générateurs de courant font un bruit d’enfer mais ça n’a pas l’air de déranger les personnes couchées juste à côté. Devant nous et derrière nous, une flopée de véhicule à l’arrêt. Je cherche en vain des toilettes et devrai me résoudre à un enchevêtrement d’herbes folles derrière une de ces cabanes. Ça plonge à pic, on ne peut pas avancer beaucoup pour se camoufler. Heureusement, l’endroit est peu éclairé. J’entends des bestioles se carapater dans tous les sens ce qui me met bien en panique ! Je ne vais pas m’éterniser. Les hommes, eux, se prennent moins la tête, ils font directement au milieu de la route.
Nous passerons une heure ici, avant que toute la palanquée de véhicules se remette en mouvement, tous ensembles. Nous ne comprendrons qu’un peu plus loin le pourquoi de cette pause collective.
En effet, il y a des travaux pour passer la route d’une à deux voies. La montagne s’est faîte ravaler à coup de pelle Pocclin, tous les résidus sont par terre, et on a l’impression que le flux de véhicule est là pour concasser, broyer, tasser les pierres. A nouveaux des bonds d’un mètre pendant plusieurs kilomètres.
Au bout de cinq heures de trajet, nous arrivons enfin sur une route plus rectiligne. Ce n’est toujours pas les routes de chez nous, bien lisses, mais c’est déjà mieux.
C’est à ce moment, où j’aurai presque pu m’endormir, qu’un voisin de bus, un des gros fumeurs, se décide pour mettre de la musique à fond sur son téléphone. Ça grésille tellement le volume est à fond, et son style musical n’est pas du goût de tout le monde. En effet, son voisin de droite surenchérit ! Ok, à moi ! Et c’est parti pour les bronzés font du ski ! Dix secondes seulement, car j’ai quand même un minimum de respect pour les autres passagers. En tout cas, mon téléphone battait tous les autres au niveau des décibels ! Mais mon message n’est pas passé, car le téléphone de l’autre imbécile fonctionne toujours.
La route droite ne dure qu’une heure, car nous repartons ensuite sur des routes de montagnes.
J’ai testé toutes les positions. J’ai même réussi à me faxer au pied du siège pour m’allonger par terre, la tête posée sur un énorme sac de riz, les jambes recroquevillées. Le changement de position permet de redonner un semblant de circulation sanguine dans le corps mais en aucun cas d’en trouver une agréable.
Et une nuit blanche de plus ! Moi qui croyais pouvoir dormir n’importe où, n’importe comment, je me rends compte que ma jeunesse prend une claque ! Chatounette, elle, roupille…
La fin de notre calvaire n’arrive qu’au bout de onze heures de trajet… dans un parking désaffecté ! Quoi ? On n’est pas arrivés ? Il est où le centre-ville et l’hôtel le plus proche ? Mon GPS indique encore vingt kilomètres. Grrrrr !
Des mini-bus bleus attendent d’être remplis pour partir. Mais pas le nôtre ! Rien que le prix qu’il nous demande pour nous trois, le chauffeur en a pour sa journée, il peut partir maintenant à vide ! Trois autres personnes nous accompagnent malgré tout. L’un d’entre eux a une guitare, et accepte d’en jouer pour nous. Un moment doux dans un monde de brut !
Nous avions demandé au chauffeur un hôtel pas cher, et celui-ci a complètement rempli sa mission : l’hôtel n’est pas cher. Mais on sait pourquoi ! Invasions de bestioles y compris les moustiques, aucune étanchéité au niveau des fenêtres, salle de bain = toilettes turcs et mandi (les fameux bacs où on se lave avec un gant de toilette et la casserole en plastique), fils électriques qui pendent dans la chambre, bien sûr c’est crade et la peinture manque de s’effriter sur nous, et le tout situé au bord d’une route ultra passante, sans parler des odeurs d’égouts… Ah, et aussi, la patronne est aimable comme une porte de prison ! Et nous sommes cernés de mosquées ( pour rappel : premier appel du muezzin à 5h).
J’arpente les alentours. Rien. Pas un seul hôtel ! Nous sommes tellement fatigués que nous prenons cet hôtel miteux et on verra plus tard pour en trouver un autre.
Je m’écroule sur le lit et m’endors illico profondément. Il est 7h30.
Pratique : Pendolo – Palu, 11 h de bus, 350.000 Rs pour deux places.
Gare routière de Palu – Centre-ville de Palu, en mini-bus bleu, 50.000 pour nous trois, 20 kilomètres environs.