Etre saisonnier avec des enfants : l’expérience des 3 ChAtONs

Les 3 ChAtONs sont saisonniers. Chatoune est monitrice de ski/snowboard l’hiver et professeur des écoles en mi-temps annualisé de septembre à janvier. Elle est aussi éducatrice sportive. Chaton est également éducateur sportif, mais aussi plombier et il rénove des logements. L’hiver, il essaye tant bien que mal de ne pas travailler pour skier mais en station de ski, tout le monde recherche toujours des employés alors des fois il cède et travaille un peu : skiman, ménage, serveur… Chatounette, quant à elle, est écolière.

Comment nous en sommes arrivés à ce mode de vie

Avant de me lancer dans cette vie un peu hors du commun, j’ai eu énormément de difficultés à trouver des renseignements à ce sujet. Des renseignements sur la vie de saisonnier, oui, mais des renseignements sur la vie de saisonnier avec enfants, non. Je ne suis pas issue de la montagne, j’ai grandi en région parisienne, alors je n’avais pas de saisonniers avec enfants dans mon entourage.

J’avais tout de même fait des saisons auparavant mais en mode célibataire sans enfant, la jeunesse à l’état pur, teuf à gogo sans se poser de questions !

Là, en mode mariée 1 enfant, cela n’a rien à voir. Mais vraiment rien à voir.

Je voulais donc trouver des saisonniers avec des enfants. Discuter avec eux de leur mode de vie, des avantages et des inconvénients, trouver des réponses à toutes les questions que je me posais sur des problèmes tellement simples mais dont je n’avais pas la moindre idée de comment les résoudre !

Comment fait-on pour faire les saisons quand on a des enfants ? Comment cela se passe-t-il pour l’école ? Et leurs copains ? Et le logement ? On déménage tout ? On a 2 maisons ? Mais alors comment fait-on financièrement ? Et si on veut les faire garder ? Et pour les activités sportives ou artistiques ?

Et puis, de recherches en recherches, de nouveaux questionnements : « Non mais là ça ne va pas le faire ! Je vais travailler quand ma fille sera en vacances et je serai en vacances lorsqu’elle aura école ! Comment concilier tout cela ? Car si je veux mener cette vie de saisonnier, c’est bel et bien pour avoir du temps libre et profiter de ma fille ! (entre autre !)»

J’avoue qu’au début, j’étais un peu perdue, même complètement, et que je ne savais pas trop où cela allait nous mener. Mais j’avais envie de vivre cette expérience. Pour plusieurs raisons. Pour un milliard de raisons même !

Déjà par amour des sports d’hiver ! S’il y a bien une chose que je reprochais à mes parents quand j’étais dans l’âge où l’on reproche tout à ses parents, c’était d’avoir décidé de s’installer en banlieue parisienne. (Bien sûr que je ne leur en veux plus maintenant !).

Malgré cela, nous avions la chance de partir 1 semaine tous les ans aux sports d’hiver, chose qui n’était pas donné à tout le monde (et l’est de moins en moins).  Hors de question de rater ça ! Le virus nous a été transmis, à moi et mes sœurs, dès notre plus jeune âge, grâce au comité d’entreprise de ma mère. Être saisonnier, cela signifie passer tout l’hiver à la montagne ! Quel pied ! Je vais pouvoir offrir cette chance à ma fille !

Ensuite, on est dans un environnement pur, beau, apaisant, calme… Il n’y a pas de bouchon, hormis aux télésièges et uniquement durant les périodes des vacances scolaires des parisiens si l’on a mal géré son timing (oui, prendre le télésiège « Cachette » au moment du départ des cours de ski de l’E.S.F., ce n’est pas bien malin ! Alors quand on le sait, on fait autrement).

Être saisonnier, cela peut signifier également avoir beaucoup de vacances. Au moment des « inter-saisons » : mai-juin, et septembre-octobre-novembre. Bien sûr, certains saisonniers n’ont pas autant de vacances, mais il est possible d’avoir 5 mois de vacances par an.

Ensuite, parmi ce qui me motivait :  l’idée d’avoir 2 vies. 2 paysages à regarder. 2 bandes de copains. 2 travails. 2 mondes différents.

Un matin je me suis réveillée et je me suis décidée. Si je n’essaye pas, je vais le regretter. Et je pourrais toujours revenir en arrière.

J’étais (et suis toujours) professeur des écoles. J’ai fait une demande de disponibilité. Chaque salarié y a droit. Cela n’est pas réservé à l’Education Nationale. L’employeur a le droit de refuser une fois, mais ensuite il doit vous l’accorder.

Ma demande a été acceptée.

Mon mari m’a dit : « je te préviens ! On fait une saison mais pas 2 ! ».

J’avais donc une saison et une seule pour le persuader de continuer, de poursuivre ce mode de vie.

J’ai mis toutes les chances de mon côté pour qu’il en redemande.

Par exemple, mon mari était (et est toujours) un grand fan de ski. J’ai cherché un logement au pied des pistes. J’aurais pu trouver moins cher un peu plus loin mais non. Je voulais vraiment que cette expérience lui plaise à jamais.

J’ai également choisi une station suffisamment grande pour qu’un hiver à skier tous les jours ne se résume pas pour lui à tourner pendant 5 mois sur le même téléski. En choisissant les Arcs-Paradiski, j’étais tranquille à ce niveau-là.

« Je te préviens, on fait une saison mais pas 2 ! ». Je lui ressors souvent cette phrase. Nous allons passer notre 9ème hiver aux Arcs.

Lorsque, l’an passé, je lui ai annoncé que j’avais une nouvelle lubie qui n’allait pas permettre de partir en saison au ski il m’a regardé de travers. « Ça ne va pas la tête ! Hors de question ! ». Ma nouvelle lubie, j’y reviendrai dans un nouvel article, lorsque celle-ci se sera concrétisée.

Alors maintenant que je vous ai exposé, certes un peu longuement, les pourquoi du comment j’en suis arrivée à faire des saisons, passons à ce qui vous intéresse vraiment. Les aspects pratiques.

L’école

Commençons par ce qui vous interroge le plus : l’école.

Oui. C’est vraiment sur ce point qu’on m’interroge le plus. L’école.

En fait, c’est nous, adulte, qui, en vieillissant, avons besoin de repères stables. Regardez les petits vieux qui vont faire leurs courses le samedi après-midi alors qu’il y a un monde fou et qu’ils pourraient le faire n’importe quel autre jour de la semaine. Mais c’est leur habitude, c’est comme ça.

Un enfant, il vient de passer 1 an avec une maîtresse en petite section de maternelle, soit 1/3 de sa vie avec la même maîtresse (à l’échelle de sa vie, c’est énorme), et quand il arrive en moyenne section de maternelle, le 2ème jour il s’est déjà adapté.

Il faut arrêter de penser que c’est difficile pour les enfants. Bien sûr, si vous êtes de caractère anxieux, vous aller transmettre votre anxiété à votre enfant. Mais si vous partez du principe que votre enfant va très vite s’adapter et se faire de nouveaux copains, cela ne sera pas un problème pour lui.

Alors bien sûr, à l’adolescence, c’est plus difficile car s’il y a bien une chose qui a de l’importance aux yeux des ados, c’est leurs copains. D’ailleurs, si vous avez des témoignages à ce sujet, je suis preneuse. Je ne connais personne dans mon entourage qui est devenu saisonnier alors que leurs enfants entraient dans l’adolescence.

Mais de manière générale, avant 10 ans, aucun problème pour leur changer leur mode de vie !

Lors de notre 1ère saison en tant que parents, notre fille avait 2 ans et demi. Elle allait à la garderie de l’ESF d’Arc 2000. La saison suivante, elle a retrouvé ses grands copains de la garderie dans sa classe, en petite section de maternelle.

Elle est aujourd’hui en CM2. Cet hiver, elle retrouvera une fois de plus ses copains de garderie dans sa classe.

Comme chaque année, elle aura hâte de les rejoindre. Et hâte de retrouver ceux de la banlieue parisienne à la fin de l’hiver. Elle a grandi comme cela. Elle ne connaît que cela. Alors forcément, cela lui convient. Elle ne connaît rien d’autre.

« Oui mais là ça va, elle n’est qu’en primaire, comment vous allez faire quand elle sera au collège ? ». Avant j’avais : « oui mais là ça va ,elle n’est qu’en maternelle, comment vous allez faire quand elle sera en élémentaire ? ». Hé bien pareil en fait ! Et également pareil quand elle rentrera au lycée. Il y a tellement d’enfants qui vivent cela et qui l’apprécient, parce que, pour eux, c’est juste normal.

Bien sûr, elle est réticente à ma nouvelle lubie. Mais elle va s’adapter, comme elle a toujours su le faire. Et cela ne pourra être que bénéfique pour elle. J’y reviens dans un prochain article.

Bon. OK. Les copains, c’est pas un problème. Mais d’un point de vue administratif ?

L’administratif

Changer d’école, d’un point de vue administratif, ce n’est vraiment pas un problème. Vous demandez un certificat de radiation à l’école actuelle de votre enfant, et le lendemain vous appelez la Mairie de la nouvelle école pour l’inscrire. Vous transmettrez le certificat de radiation à la nouvelle école en arrivant. Voilà. Rien de plus !

Comment croyez-vous que cela se passe avec les enfants du voyage ? Je pourrais vous en dire long en tant que professeur des écoles ! D’un coup, un gamin se pointe, on ne connait pas son niveau, mais on le prend dans notre classe. Il restera peut-être 3 mois, peut-être 10 jours, on n’en sait rien, mais on le prend. C’est comme ça.

J’ai rencontré une circassienne qui avait grandi comme cela d’écoles en écoles. Elle me racontait que sa durée idéale dans une école, c’était 2 semaines. Suffisamment longtemps pour se faire des copains, mais pas trop longtemps pour ne pas s’ennuyer et qu’on lui pose trop de questions sur sa vie personnelle.

Alors bien sûr, en tant que parent, il faudra vous pencher sur les programmes de l’école. Eduscol sera votre meilleur allié. Vous y trouverez les programmes scolaires. Il faudra bien suivre la scolarité de votre enfant car certains enseignants préfèrent commencer par le futur en conjugaison (bien plus simple) alors que d’autres préfèrent commencer par le présent (bien plus logique). A vous de compenser ensuite, car votre enfant verra peut-être 2 fois le présent et jamais le futur ! A vous de suivre et de passer du temps à rectifier le tir. Mais avec 5 mois de vacances, vous devriez y arriver !

Et puis rassurez-vous, les programmes scolaires ne sont que rabâchage ! Cela fonctionne par cycle de 3 ans. 3 ans pour répéter la même chose.

En histoire, en général, on n’a pas trop de problème. Les enseignants suivent la chronologie.

Votre enfant devra également apprendre rapidement à gérer son matériel de classe: la cahier bleu de français deviendra peut-être un cahier rouge, et il faudra peut-être remplacer le cahier de texte par un agenda.

Pour résumer le point sur l’école :

  • un certificat de radiation, un appel à la Mairie, et le tour est joué
  • les enfants (au moins avant le collège) se font très rapidement de nouveaux copains, ce n’est pas un problème d’avoir 2 bandes d’amis, au contraire, c’est même enrichissant.
  • en tant que parent, cela nécessite de s’investir un peu plus dans les programmes scolaires pour vérifier que tous les points ont bien été abordés.

Le logement

Passons au logement maintenant.

Nous touchons là LE problème majeur de la vie de saisonnier. Cela est déjà très compliqué pour des saisonniers sans enfants mais alors AVEC enfant(s), on passe à un stade supérieur. Les logements sont à la fois très chers et très rares. Surtout si l’on veut un peu de surface. Si vous êtes sans enfant, bien souvent, votre employeur peut vous loger. Soit dans un « micro-studio », soit en colocation. Alors évidemment, avec enfant(s), on oublie !

Alors on fait comment ?

Pour commencer, on oublie la recherche d’emploi ! Oui oui ! Vous avez bien entendu ! Pas définitivement, hein ! Il vous faudra bien évidemment travailler pour vivre ! Mais on commence par trouver un logement avant de trouver un emploi. Du travail, en station de ski, ce n’est pas un problème. Mon mari essaie tant bien que mal de ne PAS travailler durant l’hiver, hé bien je peux vous dire qu’il galère ! Tout le monde cherche tout le temps du monde à embaucher !

 Oui oui ! Vous avez bien entendu ! Le problème n’est pas le travail mais le logement !

On se concentre donc sur la recherche d’un logement, le reste viendra après.

Les groupes Facebook peuvent bien aider. Il faut tirer sur toutes les ficelles. Tous les pistons sont bons à prendre.

Pour notre logement aux Arcs, c’est une connaissance de mon mari, qui connaissait quelqu’un qui avait un appartement aux Arcs, qui lui a donné le numéro de téléphone d’un concierge d’immeuble, un peu par dépit, histoire d’essayer d’être utile. Ce concierge nous a donné le numéro d’un mutli-propriétaire aux Arcs et on a trouvé comme cela notre logement. On ne l’a pas visité avant. On a pris tout de suite ! On était prêt à lui payer d’avance tous les mois de loyer de l’hiver tellement on ne trouvait rien. Il est arrivé comme le messie !

Et il faut savoir que, bien souvent, il vous faudra payer votre loyer pour l’hiver entier, et non au mois. Une information qu’on ne trouve pas comme cela et qu’il est pourtant très important de connaître.

Et le reste de l’année?

Nous arrivons maintenant à la partie où l’on m’interroge au moins autant si ce n’est plus, que sur l’école : « Mais vous faîtes quoi le reste de l’année ??? »

Pour ma part, comme dit plus haut, je suis professeur des écoles. « Mais alors vous faîtes comment ? Cela ne serait pas plus simple d’être professeur à l’école des Arcs ? ».

Alors effectivement, si demain j’avais la possibilité d’être professeur des écoles aux Arcs, je pense que j’accepterais. Mais ce n’est pas aussi simple. Cela mériterait un article entier à lui tout seule alors ne nous dispersons pas !

Lors de mes premières saisons avec enfant, j’ai commencé par prendre 5 ans de disponibilité auprès de l’Education Nationale.  Pour compenser la perte de salaire, le métier de monitrice de ski ne suffisant pas à vivre de cela toute l’année, l’été, je travaillais en tant qu’éducateur sportif auprès de la ville de Cergy. Et ponctuellement, je faisais également du soutien scolaire pour des élèves du CP à la Terminale.

Mais maintenant, j’ai remis ma casquette de professeur des écoles mais en mi-temps annualisé. Cela signifie que je travaille à temps complet de début septembre à fin janvier et que je suis libérée ensuite.

Mais dans mon entourage de saisonniers avec enfant(s), il y a de tout. Vigneron, professeur de surf, plongée, golf…salarié dans un sexe shop, jardinier, pilote d’avion, guide de moyenne montagne, directrice de centre Club Med, électricien, préparatrice en pharmacie… La liste est tellement longue que je ne pourrais tous les citer !

Et effectivement, on peut imaginer presque tous les métiers. Les digital nomades (comme Babeth, Les Zed… ) en sont un bel exemple.

Une station de ski, c’est un peu une « mini-ville ». On a besoin de tous les métiers. Plombier, électricien, boulanger, vendeur, femme de ménage, serveur, professeur…

J’en connais une qui est monitrice de ski l’hiver et qui tient un restaurant sur la côte Basque l’été. C’est un restaurant « balinais ». Elle a tellement aimé la nourriture asiatique qu’elle a décidé de s’y mettre. (Oui, de manière générale, le saisonnier est un voyageur). Son fils est depuis l’hiver dernier moniteur également, à ses côtés. Tout comme l’été, mais cuisinier cette fois.

Qui dit saisonnier, ne dit pas forcément 2 lieux de vie. Ici, aux Arcs, nous avons la ville de Bourg-Saint-Maurice à nos pieds. Reliée directement pas un funiculaire en moins de 10 minutes. Beaucoup y sont saisonniers, avec des enfants, mais en vivant à l’année à Bourg-Saint-Maurice. Cela peut être une bonne alternative pour ceux qui recherchent un minimum de stabilité.

La plupart des saisonniers avec enfant(s) habite le reste de l’année au bord de la mer. Que ce soit en France ou à l’étranger.

Pour ma part, je suis en région parisienne et je ne suis pas la seule. Eh oui, le bassin parisien reste une très grande source d’emploi mais c’est surtout que j’y ai grandi et que j’y retrouve ma famille et mes amis.

Que me reste-t-il à répondre ? Encore pleins de choses !

Les déménagements

Alors oui, pour ma part, je vis 2 fois par an un déménagement. Mais depuis l’hiver dernier, nous avons trouvé un arrangement avec notre propriétaire des Arcs et nous pouvons y laisser toutes nos affaires d’hiver. Car oui, depuis 9 ans, nous louons chaque hiver le même appartement.

Au début, nous avions mis notre logement en région parisienne à louer pour les 5 mois d’hiver. Nous avions trouvé une femme en plein divorce avec ses 3 enfants. Elle ne voulait pas emménager tout de suite avec son nouveau compagnon et avait trouvé cette solution de location temporaire très avantageuse. Une situation finalement assez fréquente.

La location de 5 mois s’est transformée en location pour 2 ans et demi car finalement, nous voyagions aux inter-saisons et la maman loueuse était volontaire pour poursuivre son bail de location. Mais au bout de 2 ans et demi, ses enfants étaient en pleine crise d’adolescence et nous ont un peu saccagé la maison. Quand on l’a récupérée puis entièrement rénovée, on n’avait plus trop envie de la louer, et n’avions plus vraiment besoin financièrement de le faire, alors depuis, elle reste vide pendant 5 mois.

Nous connaissons également un couple de grands voyageurs avec enfants qui n’arrêtent pas de nous dire de louer par Air B’n B. D’après eux, trouver un logement en région parisienne pour une durée de location courte relève de l’impossible. Ils reviennent chaque année pour 1 ou 2 mois en région parisienne, et à chaque fois, ils galèrent. C’est donc une option à envisager pour financer la location de votre deuxième logement, si toutefois vous êtes propriétaires. Il vous faudra également trouver une personne de confiance pour gérer les changements de locataires, ou payer quelqu’un pour le faire.

Une autre option peut être d’avoir le même employeur au sein du couple. Cela vous permettra ainsi d’avoir un logement financé par votre patron et suffisamment grand pour permettre d’y recevoir vos enfants. Cela n’est pas des plus courants, mais c’est une option envisageable, notamment à l’UCPA.

Quoi d’autres ? La paperasse !

La paperasse

Maintenant que nous commençons à être rôdés, nous pouvons dire que nous ne sommes toujours pas au point sur la paperasse : inscrire en temps et en heure notre fille pour le ramassage scolaire, la cantine ou son forfait de ski. Je reconnais que chaque année ou presque, pour l’un des trois items cités plus haut, nous sommes hors délais. Si ce n’est pas pour les trois ! Mais cela se fait tout de même ! Même si la première semaine elle doit manger à la maison, et être amenée à l’école en voiture, ou ne pas skier. On s’arrange entre parents. L’an dernier, c’est un ami saisonnier qui, comme nous, avait oublié d’inscrire sa fille en temps et en heure début février. C’est mon mari qui récupérait les 2 filles, les faisait manger, et les ramenait à l’école. L’an prochain, les rôles seront peut-être inversés.

Les activités sportives et artistiques

Dans les Alpes, ils sont habitués à recevoir des enfants saisonniers. C’est donc tout naturellement qu’ils proposent des forfaits pour les saisonniers. En région parisienne, c’est un peu exceptionnel. Malgré tout, toutes les associations rencontrées ont accepté de nous faire payer au prorata des cours « consommés », aussi bien pour ma fille que pour nous, adultes.

Concernant le problème de la conciliation entre le fait que vos enfants soient en vacances pendant que vous travaillez et vice-versa :

Les vacances en commun avec ses enfants

C’était là mon plus gros dilemme.

Au début, lors de mes premières saisons, j’étais monitrice de ski l’hiver, et éducateur sportif pour la ville de Cergy sur juillet et août. Je n’avais qu’en commun avec ma fille les vacances de la Toussaint. 2 semaines en commun avec ma fille sur toute l’année, impossible pour moi ! Trop court ! Et c’est à peu près le sort de tous les saisonniers !

J’ai donc décidé de déscolariser ma fille le temps des vacances que je voulais prendre. Soit 3 mois : septembre, octobre, novembre.

Mai et juin ce n’était pas possible pour mon mari (oui, il ne bosse pas ou peu l’hiver mais il bosse quand même un peu le reste de l’année !).

Durant ces trois mois (septembre, octobre, novembre), je demandais donc une « demande d’instruction à domicile » ou une demande d’autorisation d’absence pour « suivre un parent qui part à l’étranger » auprès de l’Education Nationale.

Je faisais (et fais toujours mais maintenant sur mai et juin.) l’école à ma fille. Vous allez me dire, en tant que professeur des écoles, c’est facile ! Certes.

Mais si vous cherchez un peu des retours de parents qui sont partis en tour du monde avec leurs enfants (et pour le coup, il y a des tonnes de témoignages et blogs à ce sujet !), vous verrez que cela n’est pas sorcier dès lors qu’on s’y intéresse un peu.

Je peux vous dire par expérience qu’enseigner à 27 élèves, ou enseigner à 1 (même 5) élèves, ce n’est pas du tout pareil.

Comme vous avez pu le voir sur mon blog, chaque année ou presque, nous partons 3 mois à l’étranger. 3 mois pendant lesquels j’enseigne à ma fille. Il n’est pas question de 24 heures hebdomadaires d’enseignement comme c’est le cas à l’école traditionnelle. Non.

2 heures par jour sont suffisantes. 6 jours sur 7. C’est un rythme qui nous semble très approprié lorsque nous sommes en voyage à l’étranger. De toute façon nous nous levons tôt pour visiter. Le rythme est pris. Mais à chacun son rythme ! Sûrement que ce rythme ne conviendrait pas du tout à une autre famille.

Les enfants qui ont des difficultés particulières avec les apprentissages de l’école en seront les premiers bénéficiaires ! Ce n’est pas parce que votre enfant n’est pas bon élève qu’il ne faut pas mener cette vie. Au contraire ! Ouverture d’esprit. Confiance en soi. Relations privilégiées avec ses parents. Ouverture sur le monde. Pédagogie adaptée. Rythme adapté. Je ne vois que du positif dès lors que le ou les parents sont volontaires et impliqués.

La garde des enfants

Comme partout, il y a des baby-sitters, et ce, dans le monde entier. Je n’ai jamais pu obtenir une place en crèche en région parisienne mais j’ai pu obtenir une place en garderie aux Arcs. Par contre, les grands-parents ne nous suivent pas lors de nos migrations, alors on ne bénéficie de leurs services qu’une partie de l’année. Ce qui est déjà une grande chance!

Et financièrement, comment cela se passe-t-il ?

Les finances

L’argent est un sujet tellement tabou en France. Je ne comprends pas pourquoi.

Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas tellement ce que vous gagnez qui fait la différence, mais ce que vous dépensez.

Pour ma part, je gagne 950€ par mois en tant que professeur des écoles, et 9.000 Euros l’hiver en tant que monitrice de ski. Soit 1.700 euros par mois, si je ramène le tout à l’année. Tout ça en net.

Chaton a peu près pareil.

Pour certains c’est peu. Pour d’autres c’est beaucoup.

J’ai double loyer à prévoir, mais je peux en mettre un en location si je le veux.

J’ai 5 mois de vacances par an.

Voyager me coûte en moyenne 2.000€/mois pour 3 personnes. Je voyage 3 mois dans l’année. Et je peux le faire car nous sommes 2 salaires.

Dans la vie, tout est question de choix.

Je peux mener ma petite vie de professeur des écoles en banlieue parisienne toute l’année, plan plan. Enfin « plan-plan », avec des bouchons à n’en plus finir, des classes surchargées, des élèves pas toujours faciles, les parents n’en parlons pas…

Ou je peux mener une triple vie. Professeur des écoles 5 mois dans l’année, monitrice de ski 3 mois dans l’année, et en vacances 4 mois dans l’année.

Ou complètement autre chose.

Tout est une question de priorité.

Et comme je vous ai parlé plusieurs fois de ma nouvelle lubie, je vous en parle un peu ici en avant-première.

En effet, j’ai commencé à postuler pour être professeur des écoles « détaché », c’est-à-dire professeur des écoles à l’étranger.

Cela m’obligerait à sacrifier une saison de ski mais cela aurait l’avantage de bénéficier à ma fille pour l’apprentissage de langues étrangères.

A suivre !

Et vous? Prêts à vivre ce mode de vie? Dites-le nous dans les commentaires!

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