Doi Pha Hompok

Nous prenons la route sous une brume épaisse.

Chaton décide d’acheter un pantalon pour Chatounette, à défaut des lunettes que nous ne trouvons pas. Le pantalon (de jogging) est de toute beauté ! 1€25, vous pouvez vous imaginer. Même Babou ne fait plus les mêmes ! Une matière qui gratte avec de belles couleurs de garçon, tunné comme une bécane de cross, rouge, noir et blanc…

La route commence par grimper, on traverse quelques nuages épais, puis elle se met à redescendre. Sévèrement, même. Plusieurs panneaux indiquent de ralentir et d’utiliser le frein moteur.

Le frein moteur nous ralentit un peu, mais le problème démarre lorsque notre frein avant nous abandonne… Le moment est franchement mal choisi

Chatounette, moi, et le gros sac à dos descendons de moto et continuons la route à pied pendant que Chaton descend le scooter tout doucement, en n’utilisant que le frein arrière et en effectuant de grands virages en prenant toute la largeur de la route pour éviter de prendre trop de vitesse.

Le frein avant se remet comme par magie à fonctionner. On échange les rôles, cette fois c’est Chaton et le gros sac qui marchent le long de la route, et Chatounette et moi qui sommes sur le scooter. Le frein avant lâche une deuxième fois, heureusement sur une partie de route moins pentue. Il se remet à fonctionner peu de temps après.

Chaton me fait signe d’avancer tout doucement et que lui va faire du stop. Effectivement, 5 minutes après il me double depuis un gros pick-up. Il s’arrête prendre Chatounette au passage et me dit qu’on se retrouvera en bas… Sympa le mec, hein ?!

Me voilà seule dans la montagne, avec un scooter qui merdouille « légèrement » au niveau du freinage, sans papiers ni argent ni quoique ce soit, dans une pente qui, prise en sens inverse, raviraient les fans du Tour de France. Dans mon malheur, la brume a laissé place à un soleil resplendissant.

J’utilise la méthode de Chaton en utilisant toute la largeur de la route dès qu’il n’y a personne et j’élabore dans ma tête des stratégies de « sauve qui peut on quitte le navire » au cas où les 2 freins me lâcheraient… Mais déjà, rien que le frein avant en moins dans les parties les plus pentues, c’est bien flippant ! Je me vois déjà foncer dans le talus avec le scooter, plonger par-dessus lui et finir ma course 150m plus bas soit dans un arbre, soit en compote dans les fougères.

Chaton m’avait dit : « si les freins lâchent, tu fais un virage le plus large possible quitte à déraper pour réussir à remonter dans la pente ». Ben voyons ! Il m’a pris pour une cascadeuse des plus grands films d’action américains ? Ce n’est que la 2ème fois que je conduis un scooter (la 3ème si vous avez bien suivi ce blog et qu’on compte mes 100 premiers mètres d’il y a quelques années), et il croit sérieusement que je maîtrise et les virages serrés, et les dérapages ?

Heureusement, les paysages magnifiques que je traverse m’aident à faire un minimum abstraction de ma situation.

Finalement, je vois le bout de cette pente ultra raide, et me retrouve sur une route beaucoup plus plate. J’arrive même par 2 fois à lâcher les poignets de frein pour accélérer. Youhou !!!

Enfin un village, et une intersection. Chaton, Chatounette et la caravane (notre gros sac à dos pour ceux qui n’ont pas suivi) m’y attendent.

Chatounette en scooter sur la route enfin plate près de Doi Pha Hompok
Chatounette en scooter sur la route enfin plate près de Doi Pha Hompok

Nous sommes au pied des montagnes, dans la plaine. On reprend la route, nous ne sommes plus qu’à quelques kilomètres de notre destination : le parc national de Doi Pha Hompok, où se trouvent des sources d’eau chaude dans un champ de pierres.

Arrivés sur le lieu, on se paye le luxe d’une maisonnette au cœur du parc, en face d’un geyser, dans la forêt. Donc habitée par tous les insectes qu’on peut y trouver, y compris des geckos et leurs crottes…

maisonnette au coeur du parc national de doi pha hompok
notre logement en plein milieu du parc national de doi pha hompok

On part à pied explorer les environs. Le champ de caillou contient tout un réseau de petits ruisseaux à haute température. Entre 50° et 87°. Dans le bassin le plus chaud, le rite est d’y faire cuire ses œufs. Dans le plus froid, des gens y trempent leurs pieds, les plus fous les jambes entières. Je dis « les plus fous » parce que nous, on a réussi à tremper un orteil, mais pas plus de 3 secondes.

Vous vous souvenez le jeu de Chatounette où il ne faut pas marcher sur les crocodiles ? Il est toujours d’actualité, mais maintenant, il ne faut marcher que sur le dos des hippopotames… Effectivement, les chemins qui traversent le parc ne sont faits que de gros cailloux plats. De temps en temps, un pont, une piscine aménagée pour y tremper les pieds avec une température beaucoup plus acceptable, un panneau explicatif, beaucoup de papillons et autres insectes inconnus au bataillon, le tout dans un calme olympien pour reprendre le terme utilisé par mon guide.

De retour à notre maisonnette, nous prenons cette fois le scooter pour faire un plus grand tour. Nous pensions que le parc était aussi grand que celui de la veille, mais pas du tout ! On n’aura fait que 500 mètres pour tomber sur le seul endroit que nous n’avions pas exploré : une rivière avec un fort débit, donc idéale pour se faire masser le dos dans les petites cascades.

Le prospectus du parc dit que la température moyenne est ici de 2° en hiver, et 14° en été. Aujourd’hui, il devait faire minimum 30°. Donc autant dire que la baignade était plus que la bienvenue. Je n’avais pas prévu de tomber sur une rivière, je me baigne donc à la thaïlandaise : toute habillée ! Ça fait un bien fou !

Rapidement, nous devenons l’attraction de tous les thaïlandais qui jalonnent la rivière, la plupart en train de pique-niquer. Il y a des endroits où il y a assez de profondeur pour ne plus avoir pied. On s’y baignera pendant une bonne heure, en s’amusant dans les rapides.

Nous repassons à notre chambre pour nous changer (et nous doucher, et laver nos vêtements), puis filons à l’endroit où nous avions repéré que l’on pouvait s’y faire masser.

Chaton s’attendait à une jeune masseuse de 25 ans habillée en soubrette, au lieu de ça, c’est Madame Propre d’1m50 avec des biceps à la Schwarzenegger. Elle nous a démontés pendant plus d’une heure, un rouleau compresseur n’aurait pas fait mieux.

Nous sommes ressortis à 19h, comptant aller manger, mais c’était déjà trop tard. Il fait nuit et il tombe quelques gouttes ; la masseuse nous prête son parapluie et nous rentrons à tâtons jusqu’à chez nous. Sur le trajet, on prie le bon dieu pour ne pas poser le pied dans l’un de ces ruisseaux pour ne pas finir ébouillantés… Il nous reste quelques gâteaux et 3 mentos, on s’en contente, pas le choix !

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