Tomohon et Gunung Mahawu
Cette journée était partie pour être un fiasco, mais finalement…
Nous avons loué un scooter, directement à notre hôtel, pour tenter (j’insiste sur le mot) l’ascension d’un volcan et, si le temps nous le permettait, de pousser jusqu’au lac Tondano. Qu’est-ce qu’on est ambitieux ! Direction à prendre ? Les gros nuages menaçants au loin ! C’est donc pas gagné !
Mais tout d’abord, il nous faut trouver une laundry pour laver notre linge, tout notre linge même, serviettes comprises. Nous tournons pas mal en rond puis finissons par en trouver une, à force de se faire indiquer la route par les passants. Sauf que les tarifs pratiqués sont exorbitants ! 1€ la pièce! Nous en aurions certainement eu pour plus de 50€ ! La dame du magasin nous conduit à un autre endroit, juste derrière sa boutique. Bien commerçante, cette dame !
Les tarifs pratiqués y sont bien plus raisonnables, 0,50€ le kilo, sauf qu’il faut attendre 3 jours pour récupérer son linge (bah oui, en ce moment il pleut, ça met du temps à sécher, le linge) … et que nous partons demain pour les îles Bunaken. A force de négociations muettes (tout en langage des signes, la personne ne parle pas anglais), nous obtenons de pouvoir récupérer notre linge demain matin, mais celui-ci sera mouillé. Dans quelle galère on ne s’est pas mis !
Bref, débarrassés de notre tas de linge sale, nous prenons la route, direction Tomohon, ou plutôt direction les nuages sombres. Les paysages ne sont pas déplaisants.
Après avoir quitté la ville (et traversé tant bien que mal un marché en pleine effervescence), nous nous trouvons rapidement dans les routes de montagnes, cernées de cocoteraies et autres plantations.
Nous prenons quelques gouttes, mais rien de méchant. Même lorsque nous étions dans le nuage, nous restions au sec. On se surprend même à rêver que nous allons finir en plein soleil, au-dessus d’une belle mer de nuages, comme au ski !
En chemin, un village semble en pleine festivité. Nous nous y arrêtons pour savoir ce qui peut bien attirer autant de monde. Les gens sont tous vêtus de rouge, on a l’impression d’être aux fêtes de Bayonne ! Nous parvenons à dégoter un passant qui parle deux mots d’anglais et il nous explique qu’il s’agit d’une fête politique.
Et là, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, j’ai sorti mon appareil photo ! Qu’est-ce qui a bien pu me traverser l’esprit ! Les gens se jettent devant moi pour que je les photographie ! Déjà que tous les regards se portaient sur nous du fait de notre peau blanche, mais alors là, c’est le pompon ! Chaton n’a même plus voulu aller voir jusqu’au bout de la rue où se trouvait la grande estrade qui avait interpellé nos regards en passant en scooter. Moi, ça me fait marrer tant de succès ! On s’imaginait le Président d’Indonésie en train de faire son discours sur cette estrade, et tout à coup, plus personne à l’écouter ni même devant lui, les foules l’ont déserté pour aller voir les trois Français en vacances ! Nous faisons demi-tour et reprenons donc notre chemin.
Le temps se maintient toujours. Mais cela n’a pas duré ! On passe à toute vitesse en mode Schtroumpfs (on enfile nos k-ways pour ceux qui n’auraient pas compris !). La pluie est loin d’être un petit crachin mais nous décidons de continuer de rouler quand même… jusqu’à ce que ce soit le déluge le plus complet, anéantissant la visibilité. Impossible de poursuivre !
Nous nous arrêtons au premier abri que nous trouvons : le porche d’une église. Nous avons plus de chance que ceux qui se sont fait surprendre dans l’autre sens : leur abri est une minuscule cabine de distributeur à billets. Ils sont bien plus à l’étroit que nous !
Qu’est-ce qu’on fait ? Demi-tour ? Je consulte mon GPS. Nous ne sommes qu’à trois kilomètres de Tomohon. Attendons déjà de voir si ça se calme. Pour l’ascension du volcan, on se dit que c’est fichu, le chemin se sera certainement transformé en rivière de boue. La pluie finit par se calmer, sans cesser pour autant.
On profite de l’accalmie pour rejoindre le premier restaurant que nous trouvons, à l’entrée de Tomohon. On espère que le temps de manger, la pluie cessera. A la fin du repas, il pleut toujours mais ce n’est plus le déluge. On rentre à l’hôtel ? Ok.
Nous remettons nos k-ways trempés et … La route est bloquée ! Un défilé de tee-shirts rouges ! Les mêmes qu’au village précédent, sauf que cette fois, ce sont tous les villages alentours qui se sont regroupés ici. Des gens à pieds, d’autres en voitures, camions, 4×4… certains sont déguisés, d’autres sûrement éméchés. De nombreux drapeaux s’agitent en tout sens et surtout, la musique bat son plein.
Chaque véhicule est équipé d’énormes enceintes poussées au maximum de leurs capacités. Lorsque les véhicules sont trop près les uns des autres, ça devient une gigantesque cacophonie inaudible. Et le défilé dure, dure, et dure encore. Nous n’avons pas regardé nos montres, mais au moins deux heures de défilés encombrant la route, nous immobilisant dans notre restaurant.
Ce qui a laissé le temps aux nuages de se disséminer, sans pour autant disparaître. Plutôt que de rentrer directement, nous décidons d’aller jusqu’au bout du village avant de faire demi-tour. Mais à peine faisons nous deux cents mètres, qu’une petite pancarte indique le volcan que nous comptions aller voir. On essaye ? On essaye !
Une belle route bitumée avec plusieurs embranchements, perpendiculaire à la route principale de Tomohon, s’arrête subitement au milieu de la forêt, au pied d’un chemin abrupte. Autant au début, il y avait des pancartes indiquant le volcan, autant là, il n’y a plus une seule indication. Est-ce bien là ? On avait l’espoir de se faire l’ascension en scooter, mais pour le coup, c’est bien trop raide.
Nous poursuivons à pied, ne sachant même pas si ce chemin mènera ou pas au volcan. Au bout de 100 mètres, un zébu nous barre la route. C’est dangereux un zébu ? Ça charge ? Il est attaché mais sa longe est bien grande. Chaton y va en éclaireur, nous demandant de l’attendre. Il a survécu, nous nous avançons donc prudemment avec Chatounette. Le zébu n’a même pas eu un regard pour nous, il broute paisiblement. Ouf !
Nous poursuivons la balade, au cœur de la forêt, sur une pente bien raide. Chatounette râle un peu, elle a mal aux pattes, nous sommes obligés de la pousser un peu.
A un moment donné, le chemin se sépare en deux. Comme dans les films d’horreur, nous nous séparons. Je prends à gauche, Chaton à droite, et Chatounette nous attend à l’intersection. La comparaison avec les films d’horreur s’arrête ici, nous nous rejoignons deux minutes après.
Mon chemin semble redescendre alors que celui de Chaton se transforme en chemin pavé, puis en escalier pavé. Allons-y !
Chatounette marche entre nous deux, et comme je la pousse pour avancer, Chaton a pris un peu d’avance sur nous. C’est à ce moment-là qu’il se met à crier ! Un serpent vient de lui couper la route et se dirige droit sur nous, à toute vitesse ! Nous n’avons pas le temps de réagir (en même temps, qu’est-ce qu’on aurait pu faire !), que le serpent ressurgit, traversant à moins de deux mètres de nous ! Il est long, noir, et se déplace à vive allure ! Heureusement, il devait être encore plus effrayé que nous par notre présence, car il ne nous a pas attaqués. J’ai les jambes coupées et le cœur qui palpite.
Dix secondes après, un gros bruit dans les feuilles, un animal semblant descendre d’un arbre pour traverser les fourrés, rapidement lui aussi. Chaton a juste eu le temps d’observer une grosse masse sombre mais il est incapable de dire de quel animal il s’agissait. Il affirme que ce n’était pas un serpent mais quelque chose de beaucoup plus gros. Ok. On se ressaisit, et on reste groupé.
Nous nous mettons donc à chanter. Quoi ? Ça ne vous paraît pas logique ? Les animaux semblent avoir peur de notre présence, alors autant faire du bruit pour qu’ils aient le temps de fuir et qu’ils ne soient pas surpris. En plus, c’est un très bon moyen de décompression et on entend moins les bruits effrayants de la forêt.
Moins de dix minutes après, nous atteignons le sommet. Il s’agissait bien d’un volcan, et d’un volcan de souffre ! Le cratère s’ouvre devant nos yeux avec ses dégradés de jaunes et son odeur caractéristique. Impressionnant ! Mon guide parlait d’un lac en son centre avec toute une palette de verts, mais pour l’heure, le lac est réduit à une vulgaire flaque d’eau maronnasse.
Une plateforme a été aménagée en hauteur pour avoir une vue à 360°. Nous pouvons donc voir la mer ainsi que d’autres volcans. Un superbe spectacle, qui n’aura malheureusement duré que quelques secondes, car les nuages reviennent pour nous boucher la vue. Le pavage permet de faire tout le tour du cratère mais nous n’aurons pas le temps de faire cette promenade. Il est 17 heures, dans une heure il fera nuit. Il ne faut donc pas traîner.
Je suis en panique de faire le trajet inverse, mais nous n’avons pas le choix. Nous faisons tout le bruit que nous pouvons. Et cela a dû marcher car nous n’avons pas rencontré la moindre créature étrange. Sur le trajet retour, les nuages laissent parfois place à un beau panorama sur les volcans voisins avec le soleil qui vient se coucher derrière eux. Splendide. Finalement, on l’aura eu notre mer de nuages !
Voilà enfin le zébu ! Nous sommes sauvés. Enfin pas vraiment ! Chatounette et Chaton sont passés, mais le zébu semble vouloir me garder prisonnière. Si je passe à droite, il va à droite ; si je me dirige vers la gauche, il s’oriente vers la gauche. Et dès que je m’approche un peu, il s’avance vers moi. Son petit manège aura bien duré cinq minutes avant que je ne parvienne à me faufiler.
Arrivés au scooter, il fait presque entièrement nuit. Nous avons mis 50 minutes à la descente montre en main, et certainement 1H20 à la montée.
Nous reprenons la route en direction de Tomohon et la route est une fois de plus barrée. Le même défilé, mais dans l’autre sens. Impossible de passer, à fortiori à contre-sens de la foule. Heureusement, nous trouvons quelques routes en retraits et finissons par retrouver la grande route un peu plus loin.
De retour à Manado, une cabane en bois attire mon attention. Ils vendent du « trambulan », le gâteau dont nous avions raffolé à Palu et qui ne se vend que la nuit ! D’ailleurs, ça s’écrit en fait « terang bulan », mais comme nous ne l’avions jamais acheté nous-même, je ne l’avais jamais vu écrit. On s’y arrête et nous en prenons deux : un au lait Neslé et fromage et un au chocolat. Nous le dégusterons à l’hôtel, sur la terrasse du toit, et cela constituera notre repas du soir. Toujours aussi bon ce gâteau !
Voilà. Notre journée a failli se résumer à une journée de perdue, à tourner en rond dans notre chambre d’hôtel, et finalement, nous avons passé une super journée !
Pratique :
Location de scooter : 100.000 Rs la journée. Manado – Tomohon : environ 25 km.
Gunung Mahawu : 50 minutes à la descente en marchant bien donc certainement 1h20 à la montée en marchant très tranquillement.
Hôtel Istanaku : 250.000 Rs la chambre double avec petit-déjeuner, climatisation, douche, eau chaude, télévision, wifi. 280.000 Rs la chambre supérieure, même confort mais chambre plus grande.