Du Parc National de Tangkoko à Pulau Siau
En sortant de ma chambre ce matin, je découvre que je viens une fois de plus d’apporter de l’eau au moulin de Chaton: j’ai laissé mon ordinateur dehors, sur le petit muret de notre terrasse, et il a plu toute la nuit. L’ordinateur n’a pas été épargné, il est trempé jusqu’à la moelle ou plutôt jusqu’au-dessous des lettres du clavier… Mais je crois en ma bonne étoile, l’éponge avec une serviette, le fait prendre l’air, et surtout prends sur moi pour ne pas l’allumer immédiatement pour vérifier son état de fonctionnement.
Au petit-déjeuner de ce matin, des crêpes ! Sauf qu’elles font à peine la taille d’un poêlon de raclette et qu’il n’y en a que cinq pour nous trois. Vraiment light leurs petit-déjeuner…
Puis, notre chauffeur qui nous avait conduits ici me téléphone pour me dire qu’il viendra nous chercher plus tôt que prévu. Nous ne comprenons pas pourquoi mais ne pouvons négocier : il est déjà en route, à mi-chemin.
En attendant, la chaleur nous ramollit et nous n’avons même pas le courage de nous rendre jusqu’à la plage. En même temps, j’y ai chopé un bon coup de soleil hier alors je n’ai pas franchement envie de finir en charpie en y retournant. Le sable brûlant et le manque d’ombre sont de sacrés points négatifs.
Nous traînons donc à nous préparer, faire les valises, lire, jouer aux carte, grimper dans un side-car…
Notre chauffeur arrive en même temps que notre repas du midi. Nous mangeons, puis grimpons en voiture.
Nous n’empruntons pas le même trajet qu’à l’aller mais le paysage est similaire. En une heure de temps, nous sommes aux portes de Manado, mais il nous faudra une heure supplémentaire pour traverser la ville et arriver à bon port, c’est le cas de le dire.
Nous avons deux heures à tuer avant le départ de notre bateau. Nous achetons les billets puis nous posons au restaurant d’un hôtel. C’est en utilisant leurs toilettes que je me suis rendue compte que les toilettes assises n’étaient pas encore ancrées dans les mentalités. En effet, un autocollant explicatif montre comment procéder : assis : ok ; accroupis sur la cuvette : pas ok.
Nous sirotons un excellent jus d’avocat (toujours accompagné d’un filet de chocolat et de lait concentré) puis partons pour notre bateau. Il ne part que dans plus d’une heure, mais on nous recommande toujours d’avoir de l’avance pour être sûrs d’avoir une place, malgré les billets.
Il y a un monde impressionnant à l’entrée du port. Une queue-leu-leu de voitures, mobylettes, camionnettes, piétons. Tous plus ou moins chargés de paquets. De nombreux ferry sont à quai, nous nous faisons indiquer le nôtre.
Venecian qu’il s’appelle. Ah ! Ça y est ! Je le vois ! Il semblerait qu’il faille traverser un autre bateau pour pouvoir y accéder. Nous montons à bord de celui-ci et tentons de le traverser. Sauf qu’à priori, si on a bien compris, le Venecian ne quitte pas le port. C’est dans ce bateau que nous nous rendrons à Pulau Siau.
Ils ont fait deux bateaux en un ? On pourrait le croire ! Le bateau est surchargé de personnes, de denrées, de valises, de cartons, de palettes et de tout un tas de trucs.
Une dame nous interpelle pour que nous lui montrions nos billets. On les lui tend et elle nous demande de la suivre. Elle cherche nos emplacements puis nous désigne ce qui devait être au départ deux couchettes. Euh…. On se met où exactement ? L’endroit est déjà assailli par des cartons et valises. Elle cherche encore puis nous désigne deux autres couchettes, libres. Nous nous y installons.
Je jette un œil à nos billets et trouve le numéro des places qui nous étaient attribuées. Nous ne sommes pas du tout aux couchettes correspondantes, et vu le remplissage du bateau, je me dis qu’il y a bien des personnes qui vont venir nous déloger. Je décide donc de partir à la recherche de nos places réelles.
J’ai observé où la dame trouvait les numéros des couchettes et essaie de comprendre la logique de la numérotation. J’avance dans le couloir, et au moment où devaient apparaître nos numéros, je constate une pile de choses indéfinissables mais comblant tout l’espace des deux couchettes, du sol au plafond et jusqu’à la cloison du sas suivant. Impossible de déplacer tout ce cirque, et surtout, pour le mettre où ?
Je retourne à nos mauvaises places, déconfites. Il n’a pas fallu longtemps pour que les détenteurs des billets de nos places provisoires se manifestent. Heureusement, la dame parle anglais, une denrée rare ici !, ce qui permet d’expliquer plus calmement le problème. Je lui montre nos soi-disant places et lui explique que c’est une dame du bateau qui nous a placés là. Un homme du bateau intervient à son tour et nous demande nos billets. Celui-ci connaît mieux le bateau ! En réalité, nos places sont les deux premières du sas suivant ! Nous déménageons donc.
Cette fois, nous sommes face au ventilateur, et à côté de centaines de poussins piaillant à tout-va. Quel folklore ! Ajoutez à cela les vendeurs ambulants proposant tout et n’importe quoi dans une cacophonie débordante, cela frise la caricature. On pourrait presque se croire dans une caméra cachée.
Chatounette attire toujours autant les foules, ce qui fait que nous avons en permanence un minimum d’un Indonésien collé à nous, tentant une discussion dans sa langue natale.
Quel foutoir dans ce bateau ! J’explore les différents ponts, et constate que pas un seul endroit n’est épargné par les différentes cargaisons et le monde. C’est rempli de partout ! Et dire que tous les jours, deux bateaux se rendent à Pulau Siau ! Sont-ils toujours chargés à ce point ? J’imagine que oui.
Au bout d’une bonne heure d’attente, nous quittons enfin le port, pile à l’heure, à 18 heures.
Séance de coloriage pour Chatounette et moi pendant que Chaton bouquine, grignotage de gâteaux secs en guise de repas, puis tentative d’endormissement.
Au fait, on est censé arriver à quelle heure sur notre île, histoire que je mette le réveil à sonner ? Quoi ? 2 ou 3 heures du matin ?! Génial ! Tâchons de vite dormir alors !
Tu parles ! Chaton et moi n’avons pas fermé l’œil de la nuit. Les lumières allumées, les poussins, le ventilateur poussé à plein régime, l’agitation lors du premier arrêt le temps de délester le bateau d’une partie de sa cargaison, le roulis du bateau (qu’est-ce que ça a tangué en parlant de ça ! J’en ai même entendu un rendre ses boyaux ! Pourvu que ça ne m’arrive pas également, car j’ai le ventre un peu ballonné…)…
Nous accostons à deux heures du matin, mais ne descendrons du bateau que peu avant trois heures, le temps que le déchargement libère un peu plus de place pour circuler plus facilement.
Arrivés au port, nous constatons qu’il est autant animé que celui de Manado que nous avions quitté en plein jour. Nous demandons notre chemin pour notre hôtel à un inconnu et celui-ci nous fait signe de le suivre. Il est chauffeur de mikrolet, ces taxi-bus qui étaient tout bleu à Manado mais qui sont noirs ici. Le plafond y est bas mais les fenêtres inexistantes, ce qui permet de sortir la tête pour être légèrement plus à l’aise.
Le ciel est rempli d’étoiles. Mes yeux guettent une éventuelle lumière rouge pour tenter de voir le fameux volcan actif qui nous a fait nous déplacer ici. Puis soudain, je le vois ! Une cheminée orange, crachant en continue son feu de lave. Whaow ! J’adore ! Impressionnant ! Nous en avons pour une demi-heure de route et le volcan se laisse apercevoir ponctuellement, caché régulièrement par des montagnes ou des arbres près de la route.
Notre chauffeur nous dépose au pied de notre hôtel, où nous sommes contraints de réveiller les gardiens pour pouvoir obtenir une chambre. Les prix sont exorbitants, mais vue l’heure, nous n’allons pas tergiverser.
L’hôtel fait très luxueux, tout comme la chambre (moulures au plafond, cabine de douche moderne, lavabo !, un vrai !, climatisation, télé, meubles propres et en bon état…), mais quand on gratte un peu, on découvre que nos placards sont remplis de vieilles bouteilles vides d’alcool, sous le lit se cachent des quantités de déchets, une paroi de la cabine de douche moderne est enlevée et les carreaux de la salle de bain, tout comme les toilettes, sont crasseux. Une bonne surprise néanmoins : lorsque nous ouvrons les rideaux de notre fenêtre, nous découvrons le cratère en éruption du volcan. Droit en face de nous ! Je l’aurai bien contemplé plus longtemps, mais il est quatre heures du matin, plus que temps d’aller au lit.
Pratique :
Bateau Manado – Pulau Siau : 95.000 Rs par personne, gratuit pour les enfants, départ tous les jours même le dimanche à 18h, arrivée vers 2/3 heures du matin + un autre bateau dans la journée.
Mikrolet du port de Pulau Siau à l’hôtel Jakarta : 50.000 Rs pour nous trois, environ 30 minutes de trajet.
Hôtel Jakarta : 325.000 Rs la chambre standard sans petit-déjeuner. Climatisation, télévision. Pas de wifi. 125.000 Rs le lit supplémentaire.