Côte Est de Sainte-Marie en scooter

Nous filons un mauvais coton : nous décollons de plus en plus tard. Il est 9h30 ce matin lorsque nous enfourchons nos scooters.

Le début du trajet est identique à celui de la veille, nous roulons sur la seule et unique route goudronnée de l’île pendant une petite vingtaine de kilomètres. Puis nous bifurquons peu après Lokintsy (Louis XV) sur une piste réputée mauvaise.

Mes guides papiers réservent cet itinéraire pour les motards chevronnés équipés d’une moto-cross. Nous n’avons que de vulgaires petits scooters de rien du tout, mais étant donné qu’il n’a pas plu depuis plusieurs jours, je me dis que ça doit être largement faisable, d’autant que des Françaises y sont allées la veille en tuk-tuk. Si un tuk-tuk passe, on est large ! Et Pépère a amélioré sa conduite depuis nos premières péripéties en Indonésie puis Sri-Lanka.

Hé bien, on pourra dire que c’était sportif ! Chaton, qui commence à faire des blagues à la Pépère, dira même que ça, c’est du transport : on transpire et c’est du sport ! Il y a des grosses ornières, des tas de pierres saillantes, des portions de sable, des pentes abruptes, des bouts de bois au fond des passages les plus creusés.

Je n’ai pas pu compter le nombre de fois où Mamisa, Chatounette et moi avons dû descendre de selle. D’ailleurs, en parlant de selle, j’avais l’impression de faire de l’équitation sans étrier tellement nous étions secoués. J’en rigole maintenant, mais sur le moment j’étais bien en panique d’avoir un ennui mécanique. Nous étions au milieu de nulle part. Enfin, nous avions des petits villages répartis tout le long du chemin, mais de là à trouver un garagiste… D’ailleurs, on se demande bien de quoi ils vivent ces petits villages. Et comment ils se réapprovisionnent.

Sur les recommandations de notre propriétaire, nous nous arrêtons manger chez Louise. En entrée, nous avons droit à des tomates. Je ne pensais pas que nous serions si ravis d’en avoir. J’ai l’impression qu’on nous avait servi du caviar quand je repense à notre réaction. S’en suit crabe farci, poulet sauce coco, crevettes, riz. Le dessert, quant à lui, n’a pas procuré autant de plaisir : le fruit du jacquier ne fait pas fureur parmi nous.

La raison de notre venue vers l’Est, c’est la mangrove de la longue péninsule de 15km de long et sa grande plage sauvage de l’autre côté.

Alors à peine sortis de table, nous prenons un piroguier pour nous emmener dans la mangrove et la plage sauvage. En chemin, il nous montre des plants de vanille, de noix de cajou (on y jette Chatounette pour voir si elle fait une réaction allergique également à la plante ?), de jacquier, de giroflier, de gniou-quelque-chose et de je-ne-sais-plus-quoi.

Arrivés au pied de la pirogue, il faut d’abord l’écoper. Ce n’est pas très rassurant ! Nous montons à bord chacun notre tour, ce qui nous permet de nous rendre compte que ce n’est vraiment pas stable ! Et l’eau marronnasse ne donne pas envie de tomber dedans. Un peu de discipline s’il-vous-plaît, et on ne bouge pas d’un centimètre. Compris Chatounette? Interdiction de gesticuler ou de faire des gestes brusques.

Le labyrinthe des palétuviers débouche sur un grand lac de 15 km de long. Nous le traversons et retrouvons la mangrove en face. Pas de chance, pour rejoindre la terre ferme, il faut marcher dans cette eau boueuse. Soit ! Mais berk !

Nous traversons une dense végétation sur 500m et débouchons sur cette immense plage sauvage de plusieurs kilomètres de long. Toutes les nuances de turquoise sont représentées. Au loin, deux barrières de corail successives. Les vagues ont l’air monstrueuses. Mais là où nous nous baignons, l’eau est calme et limpide. Et semble plus chaude qu’ailleurs ! Nous ne nous sommes pas fait prier pour nous y jeter.

Nous restons là une bonne heure. Chaton et moi longeons la plage jusqu’à la pointe suivante. Puis celle encore après, direction rive gauche. Pépère, Mamisa et Chatounette, eux, font la connaissance de Modeste, le gardien des lieux. Il a 70 ans, parle beaucoup et regrette la présence des Français sur l’île. Il offre de nombreux cadeaux à Chatounette (un morceau de précieux bois de rose, « perles » et « encens ») et la douche à Pépère, Mamisa et Chaton depuis son puit.

Notre piroguier revient. Pour aller plus vite, nous prenons une première pirogue, marchons un petit bout sur la terre ferme parmi la végétation épaisse puis prenons une deuxième pirogue pour nous retrouver à notre point de départ.

Nous enfourchons à nouveau nos scooters. La piste est un peu meilleure, mais un peu seulement. Nous parvenons néanmoins à rentrer chez nous avant l’arrivée de la nuit.

Petite halte goûter au bord de la route en voyant une femme préparer des beignets à la banane. Autour d’elle, plusieurs enfants. Que des filles !

Je m’éloigne un peu d’elles pour aller photographier deux garçons sur un radeau de fortune. En me voyant faire, je vois le filles me tourner autour et rigoler. Elles n’ont pas l’air de parler français alors je joints les gestes à la parole pour leur demander si, elles aussi, veulent être prises en photographie. Elles gloussent et l’une d’entre elle se sauve en courant. Les deux autres prennent la pause. Je leur montre le résultat sur mon appareil photo. Elles éclatent de rire. Celle qui s’était sauvée revient. Deuxième cliché. En regardant la photo, c’est maintenant le fou rire qui les prend. Troisième cliché. Cette fois elles font des grimaces et sont à deux doigts de se pisser dessus en découvrant le résultat. Elles échangent quelques mots en malgache avec probablement leur mère et je devine celle-ci qui les réprimande. Je lui montre à son tour les clichés, et elle aussi part à rigoler.

J’ai trouvé ça très surprenant comme réaction. Est-ce la première fois qu’elles se voient sur des écrans ? Sainte-Marie est pourtant une île touristique. Etrange. J’essaierai de trouver la réponse.

De retour chez nous, à nouveau plus d’électricité. Un peu de devoirs pour Chatounette à la chandelle, repas, et au lit avec un bouquin.

Pratique :

Hébergement : Chez Mireille : 60000 A/bungalow, salle de bain avec eau chaude, face à la mer, wifi 1h30/jour mais une seule personne à la fois peut se connecter, moustiquaire rectangulaire, propre.

Repas chez Louise : 25000 A le menu entrée/plat/dessert.

Location de scooter : entre 30000 A et 40000 A selon le modèle, pour la journée.

Piroguier : 5000 A/pers pour le tour de la mangrove en 20 minutes. 10000 A/pers pour le tour de la mangrove + A/R sur la plage sauvage, on y reste le temps qu’on veut. Gratuit pour les enfants.

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