Au Sud de Rantepao

La veille, nous avions réservé un scooter pour aujourd’hui, mais ce matin, nous luttons pour nous mettre en route. Chatounette ferait bien la grasse-mat’ jusqu’à midi, et moi aussi. Nous nous mettons tout de même en route à 11h.

Mon guide préconise un itinéraire d’environ 60 kilomètres au Sud de Rantepao. Tous en selle ! Nous commençons par rater le premier arrêt. Tant pis, nous sommes trop loin pour faire demi-tour. Nous ratons également le deuxième arrêt, mais cette fois, nous ne sommes pas trop loin. Demi-tour. Encore raté ! Re-demi-tour ! Et raté une fois de plus ! Il nous a fallu 5 demi-tour pour parvenir à trouver l’entrée du site. C’est mal parti.

L’endroit s’appelle Lemo. Il est réputé pour ses tongkonan et ses tau-tau. Ça ne vous parle pas ?

Les tongkonan sont les maisons familiales traditionnelles des nobles (à l’origine, mais d’autres classes sociales y ont eu ensuite accès). Leur particularité vient de leur toit en forme de banane.

Les historiens diront en forme de coque de bateau, car le peuple Toraja était au départ un peuple de pêcheurs, qui a fui la vague d’islamisation des côtes célèbes. Ils sont pour la plupart chrétiens tout en gardant des traditions animistes.

D’autres disent que la forme des toits vient des cornes de buffle, animal sacré entre tous. Une tête de buffle orne par ailleurs fréquemment les façades des tongkonan les plus riches, ainsi qu’une ribambelle de mâchoires de porc.

Les tau-tau, quant à eux, sont des statues en bois (de jacquier pour les plus riches, en bambou pour les autres) placées près des tombes, elles-mêmes placées dans des trous creusés dans la roche, le plus haut possible pour éviter que les animaux et les voleurs ne s’emparent des objets précieux placés dans la tombe.

Les tau-tau sont très onéreux et restent l’apanage de la classe supérieur qui paie les artisans en buffle. Les vêtements des tau-tau sont changés chaque année lors de cérémonies mortuaires.

Lemo se situe au milieu des rizières mais, malheureusement, toutes asséchées. Le paysage reste tout de même très agréable pour les yeux.

Nous poursuivons, mais d’abord, repas du midi. Nous jetons notre dévolu sur un restaurant nommé « panoramic », qui porte bien son nom. Belle vue. Un buffle fait trempette dans l’étendue d’eau juste sous nos pieds. Au passage, ils sont balaises leurs buffles !

buffle dans l'eau

Nous reprenons le scooter et allons jusqu’à Makula (7 demi-tours). Raison de la visite : une piscine provenant d’une source chaude. A la couleur de l’eau, nous décidons de ne pas y faire trempette. Et il fait suffisamment chaud comme ça, pas besoin d’en rajouter !

Sur le bord de la route, une pancarte indique « baby grave », tombe d’enfants. Sans le faire exprès, il s’agissait de Kambira, un site où nous voulions aller.

La tradition veut que les mort-nés ou décédés avant d’avoir eu leur première dent soient placés à la verticale dans une petite cavité aménagée dans le tronc d’un arbre. Ainsi, le bébé poursuivra sa vie, croissant grâce à la sève de l’arbre pour rejoindre le puya, le royaume de morts.

Je n’ai pas précisé, mais chaque site est payant. 20.000 Rs. Pas cher, mais quand on cumule à la fin, ça finit par faire une petite somme.

Direction Suaya (9 demi-tours) pour voir des tau-tau blanchis et de vieux sarcophages royaux en bois, en forme de tongkonan, cochons, buffles, bateaux… Malheureusement, les sarcophages sont enfermés dans une verrerie qui n’a pas dû être nettoyée depuis l’époque des rois : on a dû mal à voir ce qu’il y a à l’intérieur.

Nous poursuivons : Tampangallo. Un seul demi-tour ! Le site n’est qu’à 1 kilomètre du précédent il faut dire. Le deuxième demi-tour, nous aurions bien aimé le faire par contre.

En effet, nous nous trouvions au pied du site lorsque nous avons vu une dame au loin. Nous nous approchons d’elle pour lui demander si c’est bien là. Sauf qu’elle nous réclame à nouveau un droit d’entrée. Nous étions juste devant, nous venions de payer 40.000 Rs peu avant, on commence donc à en avoir assez de racker tous les cent mètres. Sauf que pour repartir, il nous fallait retourner d’où nous venions et qu’à présent, la dame nous barre la route ! Impossible de revenir sur nos pas ! Soit, on poursuit dans la pampa !

Les tongkonan sont partout. Au début, on pensait que c’était un truc pour attirer les touristes, mais on se rend compte que non. Même dans des coins plus reculés, il y en a à foison.

Il ne nous reste qu’une seule halte, mais le soleil commence à décliner sérieusement. Pourvu que nous y soyons avant la nuit. Nous ne pouvons pas rouler vite, la route n’est que partiellement asphaltée, et encore, quand elle l’est.

Trois demi-tours après, nous arrivons à Ke’te Kesu. L’endroit est réputé pour être très touristique, mais à l’heure où nous arrivons, il n’y a plus personne, même le guichetier a déserté.

D’après mon guide, c’est le plus bel ensemble de tongkonan et de greniers à riz du pays. Oui, je ne vous l’ai pas précisé, mais chaque tongkonan s’accompagne d’un ou plusieurs greniers à riz, quasiment identiques aux tongkonan mais en plus petit. La lumière est faible, mais nous y voyons encore, en tout cas suffisamment pour apprécier l’endroit.

Un chemin derrière ces maisons aboutit à une falaise ornée de tau-tau, d’erong (cercueil en bois suspendu par des cordes) et de nombreux ossements. Au bout, il y a même une grotte. Équipés de lampes torches, nous nous y engouffrons. Encore un paquet d’ossements et d’erong, mais aussi : des détritus en pagaille ! Mon guide ne parlait pas de cette grotte, peut-être n’est-elle pas ouverte au public normalement ?

Lorsque nous en ressortons, il fait complètement nuit. Heureusement, il ne nous reste que très peu de kilomètres pour rentrer chez nous.

Dernière halte, pour manger, encore au même endroit, où les guides sont toujours fourrés. Ils parlent pour la plupart français, mais c’est en anglais que se fait l’essentiel de la discussion. L’ambiance est détendue, ça fait des blagues et joue de la guitare. Nous avons même eu le droit à « Aline » et « Alouette ».

Une belle journée, très instructive ; et une soirée bien agréable.

Pratique :

Location de scooter : 70.000 Rs la journée.

Riana Homestay : 120.000 Rs la chambre double, douche, eau froide, wifi, très propre, plusieurs terrasses, au calme. Rianahomestay@gmail.com

carte du pays toraja : itinéraire réalisé en scooter
Share this Post