La montagne de l’Homme Couché à Tubuai

Le luxe d’une maison

Qu’est-ce qu’on dort bien dans un vrai lit! Et un lit dans une maison en dur, encore mieux !

Le petit déjeuner est inclus, mais il faut se le préparer. Les baguettes précuites sont dans le congélateur, il n’y a qu’à les mettre 15 minutes au four. Miam, du pain tout chaud! La confiture est maison, il y a également des fruits, du beurre, du thé et du café.

La matinée traîne en longueur. On savoure le fait d’avoir une maison, on a envie de ne rien faire hormis nous vautrer dans les canapés.

Les devoirs de Chatounette se résument à lire « Les révoltés de la Bounty », livre présent dans notre logement, ainsi que de nombreux autres ouvrages et des jeux de société. La veille, j’avais lu à Chaton et Chatounette tout une rubrique sur la Bounty car son histoire est très liée à Tubuai, l’île où nous sommes. Ce livre tombe pile poil ! Et je peux ainsi mettre le blog à jour, j’avais deux articles de retard.

Dans la matinée, nous avons également eu la visite, à tour de rôle, des parents de Thibault. Ils habitent juste derrière notre maison. On est sur leur jardin en somme.

Ils sont tous les deux très sympathiques!

Lors du déjeuner, nous nous faisons une fois de plus des pâtes au beurre puis je motive les troupes pour aller randonner.

Départ pour la randonnée

Voyant l’heure avancée à laquelle nous décollons, je suggère d’emmener les lampes frontales. Et je suis sérieuse !

L’objectif est la randonnée de l’homme couché. Vous vous souvenez ? Celle mentionnée par le Lonely Planet qui précise qu’il faut absolument un guide.

Mais d’après Thibault et ses parents, c’est une rando très facile, et qui part justement à 300 mètres du logement.

Alors c’est parti.

Au bout de 300 mètres, à l’embranchement qui paraît être le bon, nous demandons confirmation à un homme et une femme qui se trouvent là. D’après eux, il faut aller plus loin, jusqu’à l’Eglise protestante. Cela serait beaucoup plus court.

Je vérifie sur mon application OsmAnd, nous sommes au bon endroit et le sentier indiqué par nos locaux est bien présent sur ma carte mais s’arrête avant le sommet.

Mais le monsieur a tellement mis du sien pour nous expliquer précisément l’itinéraire que nous nous sentons obligés de l’écouter.

Bye bye le sentier facile, welcome l’aventure.

Rendus à l’église, nous ne voyons pas sa route bétonnée. On continue un peu plus loin. On interroge un autre monsieur qui nous renvoie dans l’autre sens.

Retour à l’église. On en fait le tour et retombons sur notre premier monsieur. Il rigole en nous voyant là. Nous ne sommes pas à l’Eglise protestante mais à l’Eglise Mormon…. Oui ba désolés on n’y connait rien!

Et c’est reparti dans l’autre sens.

Ah! Une autre église. Et une route bétonnée juste derrière. On est bon.

L’ascension au menton de l’Homme Couché

Les indications suivantes sont bonnes. La route bétonnée se poursuit en route de cailloux puis nous arrivons à la carrière.

Là, des hommes sont en train de tirer à la carabine. Je leur demande ce qu’ils visent et ils me montrent les bouteilles au loin en me précisant qu’ils ne visent pas les bouteilles mais les bouchons qu’il y a dessus. Ils voulaient attendre que nous soyons passés pour tirer mais on voudrait les voir à l’œuvre. Celui qui était sur le point de tirer s’y remet. Raté. A côté.. Même pas sur la bouteille. Il propose à Chaton d’essayer. Chaton se met en position, vise, et déglingue une bouteille. L’autre homme lui dit :  » C’est le bouchon qu’il faut viser ! ». Chaton feint de n’avoir pas compris et propose de tirer une deuxième fois  pour remettre la bouteille en place… Les hommes, et moi en tête, rigolons. Ils nous confirment ensuite la direction à prendre pour poursuivre notre chemin et continuons.

Le chemin s’engouffre dans la forêt et ressort plus loin sur une piste de 4×4. Nous la suivons et semblons arriver dans un cul de sac.

Chaton repère un petit sentier qui monte droit dans la pente…

Le « chemin » est cerné d’herbes hautes. Et ça grimpe bien comme il faut. Rapidement, il faut y mettre les mains. Pendant toute la montée, je me demande comment je vais faire pour redescendre par là.

Ceci dit, la vue, pendant la montée, est splendide.

Par moment, j’ai des petites montées de stress liées au vertige mais je me ressaisis. Chatounette en a ras le bol, elle trouve qu’on se traîne et demande à nous doubler. Elle part comme une balle jusqu’en haut.

Le sommet

On finit, à notre tour, par atteindre le sommet. Il y a toute une crête le long du visage de l’homme. Là, nous sommes au menton. Je propose d’aller jusqu’à la bouche mais Chaton et Chatounette ne sont pas de cet avis, ils veulent rentrer. Soit.

Nous pensions qu’il allait y avoir un sentier beaucoup plus facile de l’autre côté du visage de l’homme mais que dalle! Par où allons nous redescendre ?

Finalement, on longe la crête jusqu’à la bouche à la recherche d’un sentier. En vérités, il y a trop de sentiers. Mais juste des débuts. Ensuite ça semble plonger dans le vide.

Nous passerons près d’une heure sur cette crête à trouver une issue. Mais le soleil commence à sombrer et dans une demi-heure il va commencer à faire nuit, il faut prendre une décision.

Je vote pour emprunter le même chemin qu’à l’aller. Nous le connaissons, et en plus c’est le versant qui est du côté du soleil, il y fera donc nuit plus tard. Mais Chaton n’est pas de cet avis, il préfère redescendre de l’autre côté car la pente semble être moins raide. Il me propose de tester son itinéraire pendant 10 minutes et de faire demi-tour ensuite si ça ne le fait pas.

Mouai. Pas convaincue mais Chaton est déterminé.

La descente… qu’on n’oubliera pas !

C’est parti. Au bout de cinq minutes, je me retrouve un peu tétanisée. Il faut traverser une paroi herbeuse glissante et pentue. Je m’accroche comme je peux à la végétation mais ce n’est que du bois mort, tout pète dès que je tente de m’en saisir. Et sous mes pieds, ça se dérobe une fois sur deux…

Puis vient le passage des fougères. C’est simple, c’est tellement dense que j’ai l’impression de marcher sur une fosse à cubes en pente. La même sensation. Sauf que par moment, il y a des trous où on s’enfonce tellement qu’on a du mal à en ressortir. Et ça surprend ! Oui, parce qu’on ne voit pas ce qu’il y a sous ce tas de fougères. Des branches, des grosses pierres… Il y a un peu de tout !

Alors là, c’est mort, on ne peut plus faire demi-tour, ça serait mission impossible !

Nous sommes lancés dans une galère pas possible. Ça va être long.

Après l’épisode des fougères, place à un autre genre de végétation. Là, c’est plus cool. Des troncs d’arbres qui pourraient servir de barres asymétriques, lisses et avec un diamètre à la taille de la main. C’est hyper pentu mais on a juste à les saisir pour se retenir et se laisser descendre vers le bas.

L’étape d’après est beaucoup moins sympa. C’est dense, très dense. On avance au ralenti. Il faut passer un coup dessus, un coup dessous. Les quadriceps travaillent. Des nuages menaçants se profilent et la nuit approche. Il se met en effet à pleuvoir mais la végétation est tellement présente qu’on ne ressent qu’à peine les gouttes. Et ça ne dure pas. Puis la nuit tombe. Très rapidement. Heureusement, nous avons nos lampes frontales. Autant au tout début on trouvait ça drôle, surtout dans les fougères, mais là on prend conscience que ça va être long. Je consulte régulièrement mon GPS mais ça me déprime plus qu’autre chose. Notre progression est tellement lente! Mais impossible d’aller plus vite.

Notre seul lot de consolation, c’est de savoir qu’il n’y pas de serpents ou autre créatures sympathiques. Un paquet de toiles d’araignées, ça oui, mais les araignées sont toutes petites.

Vers la fin, je reste les yeux rivés sur mon GPS, il y a un chemin tout proche. Mais même en plein jour, je ne suis pas sûre qu’on le trouverait plus facilement avec cet enchevêtrement de branches. Finalement, nous pensons être dessus. Mais il n’a pas dû être emprunté depuis longtemps. C’est mieux mais la progression reste lente. Encore 200 mètres et nous devrions rejoindre un autre sentier, beaucoup plus large.

On y arrive enfin ! Sauvés ! Plus que 3 bons kilomètres dans la nuit. Mais là, c’est une piste de 4×4, alors c’est de la rigolade.

Je reçois un SMS de notre hôte. Il s’inquiète de savoir si nous allons bien. Je le rassure, nous serons là dans 10 minutes.

Enfin chez nous!

De retour à notre logement, Régis, le papa de Daniel, vient à notre rencontre. Nous lui racontons notre aventure. Il nous explique qu’il était parti à notre recherche en voiture. Il a demandé à plusieurs boutiques si quelqu’un nous avait vu passer mais ça ne risquait pas là où nous étions !

On a crû comprendre que l’itinéraire facile n’allait pas jusqu’à la crête mais on en n’est pas sûr. Mais que si on va jusqu’à la crête, il faut en redescendre par le même chemin, soit celui que nous avions emprunté à la montée.

En tout cas, une sacrée aventure qu’on n’est pas prêt d’oublier.

Du coup, demain, on oublie la rando. Ça sera peut-être plage. Ou un tour en canoë. Il y en a à notre disposition. La mère de Thibault nous a surtout mis en garde de ne pas aller jusqu’à la passe avec. Du coup ça pourrait être chouette d’y faire un tour….

Allez zou au lit, faut qu’on se remette de nos émotions !

Pratique

Tavaetu Guesthouse : 6.000 Francs la chambre pour 2 personnes avec petit déjeuner inclus. Salle de bain à partager. +1000 Francs pour une personne supplémentaire. Également des chambres plus grandes avec salle de bain privative. Prêts de kayaks. Location de vélo 1000 Francs/jour. Navette aéroport : 1000 Francs/personne pour l’aller retour. Tel. 87 373 625/87 275 251.

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