De Sambave au Parc National de l’Ankarana : une aventure de malades en taxi-brousse !

6h30 : le réveil sonne. Il nous faut être de bonne heure à la gare des taxi-brousses, il semblerait que le nôtre parte à 8 heures.

7h : le tuk-tuk que nous avions réservé la veille pour rejoindre la gare des taxi-brousses ne vient pas, tant pis, nous en prenons un autre.

7h30 : arrivée à la gare des taxi-brousses. Le nôtre, pour Ambilobe, est déjà parti ! Nous réservons donc nos places pour le suivant mais comme nous sommes les premiers à attendre, nous savons que cela va être long. J’en profite pour sortir les devoirs de Chatounette dans une « salle d’attente » où les poules sont de la partie.

"salle d'attente" de la gare routière des taxi-brousse d'ambilobe, ou "salle de classe" pour chatounette
« Salle de classe » de Chatounette au milieu des poules, en attendant le taxi-brousse.
"Salle de classe" de Chatounette au milieu des poules, en attendant le taxi-brousse

Nous avons acheté 4 places, soit une banquette entière (qui ne compte en réalité que 3 places mais qui est vendue pour 4 places, minimum !) en expliquant gentiment qu’on ne voudrait pas se fâcher mais qu’on tient vraiment à rester les seuls sur cette banquette, sans sacs de riz, poules ou autres plaisirs des joies du voyage en taxi-brousse. A priori, le message est passé, reste à voir si notre requête sera respectée…

10h30 : après 3 heures d’attente, nous partons enfin. Nous sommes gênés de voir les autres banquettes entassées, notamment cette mère avec son petit bébé et son jeune fils de 3/4 ans pour une seule place.

14h : nous voilà rendus à Vohemar (Iharana en malgache). La route était très bonne, goudronnée tout du long. Les paysages ne sont déjà plus les mêmes que ce à quoi nous étions habitués : on sent qu’il fait bien plus sec.

Notre chauffeur nous annonce une pause de 15 minutes pour déjeuner. Nous descendons du bus à toute allure, pour être les premiers à commander et avoir ainsi le temps de manger. Mais nous sommes encore des débutants, malgré presque un mois passé ici, nous ne semblons toujours pas connaître le « mora-mora ». Nous restons donc le double du temps prévu.

14h30 : nous repartons. La route goudronnée, c’est fini ! Nous attaquons la piste, réputée parmi les plus redoutables du pays. Mais nous sommes à la saison sèche et il n’a pas plu ces derniers jours. Par contre, c’est très poussiéreux ! D’ailleurs, à la pause repas, toutes les femmes ont sorti « le voile » pour protéger leurs cheveux (« boubou » serait sûrement plus approprié !).

Le vent soulève la poussière qui forme un drap qui vient s’abattre sur nous. Les paysages sont magnifiques ! Surtout les rivières que nous traversons. Par moment, on dirait l’Ardèche. Tout autour de nous, il y a des petites montagnes, un peu plus vertes que la piste aride que nous suivons. Les zébus y sont plus nombreux que les habitants.

Nous avons beau être à la saison sèche, c’est impressionnant comme la route peut être défoncée ! Mamisa, avec Pépère au volant du scooter, serait descendue un paquet de fois ! (Chaton: « Mamisa serait descendue un paquet de fois ? Mamisa serait descendue une seule fois! Et aurait fait les 150 km à parcourir à pied…« )

Nous sommes secoués comme des pruniers. Et on se demande surtout comment notre véhicule résiste à tant de contraintes. Nous sommes surchargés de passagers (sauf sur notre banquette où nous respectons le nombre prévu) ainsi que de marchandises sur le toit.

Nous prions le Bon Dieu pour ne pas avoir d’ennuis mécaniques. Il fait un soleil de plomb, l’ombre se fait de plus en plus rare, et les quelques villages que nous doublons sont très espacés. Et auront-ils les pièces nécessaires ? Le nombre de véhicules en panne sur le bord de la route est assez impressionnant. Certains semblent laissés à l’abandon et d’autres sont cernés de plusieurs « mécaniciens » en action. Chaton aura même poussé l’un d’entre eux (le véhicule, pas le mécanicien) aidés des chauffeurs pour en dégager un qui nous bloquait le passage.

16h30 : changement de chauffeur. Ils sont deux à bord et échangent leurs rôles. Je préférais la conduite du premier, beaucoup plus coulée. Là, on dirait que le nouveau fait son kéké pour impressionner les filles. Heureusement, il finit par se calmer un peu. A moins que je ne me sois habituée…

17h55 : pause pipi. Nous croyons voir notre premier baobab ! Il n’est pas grand mais nous sommes sous le charme malgré tout ! D’ailleurs, nous découvrons que leurs branches sont épineuses et qu’ils ont de magnifiques fleurs blanches. L’une d’entre elle a donné un fruit. Evidemment, il ne s’agit pas d’un baobab mais d’un Pachypodium Geayi (Palmier de Madagascar)! Quelle bande d’inculte nous sommes!

La nuit commence à tomber. Trois heures et demi que nous roulons sur cette piste cahoteuse et on commence déjà à ne plus en pouvoir. Comme ça va être long… La pleine lune permet de ne pas se retrouver dans le noir complet, on y verrait même presque bien ! Manque juste les couleurs. Les phares accentuent les reliefs mais masquent la visibilité lorsque la poussière se lève.

trajet de nuit entre sambave et ambilobe en taxi-brousse, poussière
trajet de nuit entre sambave et ambilobe en taxi-brousse, poussière

19h20 : Nous passons à côté de la borne « Ambilobe – 80 km ». Mon moral tombe dans les chaussettes ! Je fais mes petits calculs dans ma tête pour estimer dans combien de temps nous devrions arriver et j’en suis déconfite… Et mes estimations ne tiennent pas compte d’un quelconque ennui mécanique ou passage plus difficile qu’un autre… Le nombre de véhicule en panne sur le bord de la route est vraiment impressionnant !

21h20 : Borne « Ambilobe-50 km ». Nous faisons donc du 15km/h de moyenne. Et l’état de la route ne semble pas s’améliorer. Par contre, ça ne sert à rien d’acheter un 4×4 ! Vous prenez un Toyota malgache 15 places et vous êtes parés à toute épreuve, Toyota conçu au départ pour faire des trajets « Paris Gare de Lyon – hôtel Hilton ». Qu’est-ce que ça peut être costaud ! Mais… Ne parlons pas trop vite !

21h45 : pause dîner. Il y a une chose que nous ne comprenons pas bien : les malgaches derrières nous sont entassés comme c’est pas permis dans le Toyota mais à la pause repas, ils quittent le véhicule pour directement retourner s’assoir… Nous qui avons de la place, nous ne pensons qu’à une chose, marcher pour nous dégourdir les jambes !

22h20 : on repart. C’est long. Très long.

00h00 : nous traversons un village où la rue principale est remplie de monde. Une Mémère Paulette malgache qui fête son anniversaire ? Un retournement ? (5 ans après un enterrement, on retourne le mort, et on fête ça à fond les ballons)

00h15 : nous ne cessons de doubler des charrettes à zébu.

00h45 : Panneau « Bienvenue à Ambilobe ». La délivrance ! Nous espérions finir par un peu de route goudronnée mais que dalle !

00h55 : le goudron apparaît, nous nous arrêtons là. Nous avons mis quatorze heures et trente minutes, treize heures si on enlève les pauses. Et aucun ennui mécanique ! Nous félicitons les chauffeurs chaleureusement.

Nous sommes arrivés à Ambilobe!

Le taxi-brousse garé devant le nôtre veut nous embarquer. Il va là où nous souhaitons nous rendre : le Parc National de l’Ankarana. Maintenant ? Oui ! Quel tarif ? 25000 Ariary ! Ils rêvent ! A ce prix-là, on décide de rester dormir dans un hôtel, nous serons certainement plus aptes à négocier les prix demain. En nous voyant partir, les 25000 Ariary se transforment en 25000 Francs malgaches, soit 5000 Ariary. Ah ! Ça laisse à réfléchir… Vue l’heure avancée et au point où nous en sommes… Deal ! On poursuit ! On est des oufs ! Mais finalement petits joueurs comparés aux malgaches ! En effet, nos chauffeurs repartent derechef à Sambave (au moins 14h30 de trajet) et les passagers poursuivent jusqu’à Diego-Suarez (minimum 7 heures de trajet) …

1h15 : nous sommes dans le nouveau taxi-brousse et partons. « Partons », il faut le dire vite ! En fait, nous faisons des tours dans la ville pour trouver d’autres passagers… Personnellement, je trouvais que nous étions assez remplis comme ça, mais non !

2h00 : nous tournons toujours dans la ville… Déprimant ! Nous parvenons à compléter et à atteindre les 4 passagers adultes (les enfants ne comptent pas et il y en a toujours !) par banquette. Sauf qu’à cause de nous qui n’allons pas jusqu’à Diego-Suarez mais descendons avant, il faut trouver 3 passagers supplémentaires qui combleront nos places lorsque nous descendrons. Encore une belle prouesse d’entassement humain…

2h30 : le compte est bon ! 5 passagers par banquette 3 places, sauf sur la nôtre ! Et devant nous il y a deux big mamas… Nous partons pour de bon ! Il était temps.

3h15 : je m’étais endormie ! Nous sommes arrivés à destination. Nous nous faisons déposer sur le bord de la route, à côté de la pancarte « Entrée Est du Parc National de l’Ankarana ». Le taxi-brousse ne traîne pas et repart de suite.

Nous nous retrouvons comme trois âmes errantes au beau milieu de la nuit… 3h15… On ne va quand même pas payer un hôtel pour une si courte nuit ? Lorsque, sur la piste, nous évoquions avec Chatounette l’éventualité d’une nuit dans nos hamacs au cas où le taxi-brousse tomberait en panne, celle-ci ne faisait qu’espérer que cela se produise… Elle veut dormir dans un hamac ! Je crois que l’occasion est tout juste trouvée. J’entre dans le Parc National quand un homme sort d’une cabane. Je lui demande si nous pouvons installer nos hamacs pour dormir ici et l’homme acquiesce en nous montrant l’endroit idéal pour les accrocher. C’est parfait ! Et à l’abri de la pluie de surcroît, même si cela semble peu probable.

nuit dans un hamac au parc national de l'ankarana
nuit dans un hamac au parc national de l'ankarana

Pratique :

Transport : Taxi-brousse de Sambave à Ambilobe – 95000 A/pers – 14h30 de trajet (13h sans les pauses)

Taxi-brousse d’Ambilobe à l’entrée Est du Parc National de l’Ankarana – 5000 A/pers – 45 minutes de trajet.

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